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date de mise à jour : 18/1/2007

Auteur : Xavier

EPIDEMIOLOGIE de la malvoyance et de la cécité

EN FRANCE

EN EUROPE

DANS LE MONDE

 

 

01/11/2002

Auteurs : Dr MERGIER, SANDER M-S., Dr CHAINE, Dr SAMSON, Dr ZANLONGHI X.

Nos plus vifs remerciements à l'ORS des Pays de la Loire qui nous a permis d'utiliser une partie de leur rapport sur les besoins des personnes de plus de 60 ans dans le domaine de la déficience visuelle :

chapitre 1 --- chapitre 2 ---chapitre 3

 

Un nouveau rapport de l'ORS des Pays de la Loire très complet est en ligne depuis 2006, ainsi qu'un résumé publié par la DREES

texte complet en pdf

résumé en pdf

 

Peux t'on estimer le nombre de déficient visuel en France ?

A quoi sert l'Epidémiologie ?

La vision

Les multiples définitions des déficiences visuelles

Les déficiences

Les incapacités

Les handicaps

La nouvelle classification CIH de l'OMS - 2001

Description des maladies pourvoyeuses de malvoyance et de cécité chez l'enfant

Description des maladies pourvoyeuses de malvoyance et de cécité chez la personne de plus de 60 ans

Sources de données épidémiologiques

Données épidémiologiques

Quelques données sur la démographie française

Epidémiologie des maladies pourvoyeuses de malvoyance et de cécité chez l'enfant

Epidémiologie des maladies pourvoyeuses de malvoyance et de cécité chez la personne de plus de 60 ans

L'évolution de la demande de soins dans le domaine de la vision entre 2000 et 2020

Quelques sites internet

Bibliographie

 

Modifié d'après un texte de RAVAUD et LETOURMY, revue PREVENIR, N°39, 2000

Peux t'on estimer le nombre de déficent visuel en France ?

Il n'existe pas une définition simple unique de la population déficiente visuelle. Les problèmes conceptuels sont loin d'être réglés, comme en télmoigne les difficultés de la révision de la Classification Internationale des Handicaps par l'OMS. "Dans ce contexte, un dénombrement d'ensemble est toujours périlleux, car il nécessite une définition précise de l'objet d'investigation, donc une véritable construction, dont on peut contester les fondements. Par exemple, on ne saurait ignorer le problème des seuils et des normes sous-jacentes à la question posée : comment va-t-on fixer ces seuils et ces normes et qui va les fixer? Aborder le handicap comme une construction sociale à facettes multiples, c'est soulever la part de mythe qu'il y a à le considérer comme un donné qu'il suffirait de mesurer, sans prendre en compte l'influence du point de vue adopté pour recueiller les informations de base.

Mais vouloir maîtriser ou simplement recenser toutes les approches existantes demande un effort paticulier et pose la question de l'organisation du système d'information sur le handicap. Le système français se caractérise par son morcellement, parfois décrit comme un puzzle incertain."

L'enquête HID "Handicaps, Incapacités, Dépendance" est un instrument qui tente de réunir, de comparer toutes les sources statistique existante.

 

 

Modifié d'après un texte du Dr MERGIER

A quoi sert l'Epidémiologie ?

Selon un auteur, MORRIS, nous pouvons lui reconnaître sept utilités :

  • Prospective : grâce à l'étude des épidémies et de leurs variations.
  • Détection des groupes ayant des besoins particuliers.
  • Evaluation des services et des besoins et leur incidence économique.
  • Etablissement des facteurs de risque.
  • Aide à l'identification des syndromes.
  • Complément de la clinique grâce au suivi des groupes de population dans le temps.
  • Participation aux recherches étiologiques.

 

Méthodes

Rappelons brièvement que l'épidémiologie descriptive peut utiliser l'enquête ou le sondage.

L'enquête exhaustive est forcément limitée sauf en cas de recueil obligatoire de données, par exemple, les naissances et les décès. On est donc amené, dans la plupart des cas, à utiliser les sondages. Leur crédibilité dépend de deux facteurs : représentativité et précision.

Le moyen le plus sûr d'une bonne représentativité est le tirage au sort à partir de listes nommées " bases de sondage ". Tout dépend alors de la qualité de ces bases et de la coopération des sondés. Quant à la précision, elle résulte du fait qu'agissant par extrapolation, on n'obtient pas un résultat précis à cent pour cent mais qu'on détermine un "intervalle de confiance" dans lequel se situe la vérité.

 

 Haut de page

 

 

Modifié d'après un texte du Dr MERGIER

La vision

Nous appréhendons le monde qui nous entoure au moyen de nos sens. Ils sont, rappelons-le, au nombre de cinq : la vue, l'ouïe, l'odorat, le goût et le toucher. Parmi ceux-ci, la vue occupe une place prédominante puisque quatre-vingts pour cent de nos informations lui sont imputables.

L'organe de la vue, le récepteur, est l'œil. Il n'est pas spécialement performant mais il transforme les images qu'il perçoit, grâce aux photorécepteurs, en impulsions nerveuses transmises au cerveau dans ses aires de projection occipitales, et c'est alors que la vue devient vision, car le cerveau, dans son intégralité va effectuer un énorme travail de " traitement des données " qui va décupler (et plus encore) l'importance et la signification des messages reçus.

Pour une personne donnée, nous pouvons schématiquement individualiser trois facteurs qui interagissent entre eux, les facteurs visuels proprement dits directement liés à la qualité de l'œil, les facteurs liés à la personnalité du sujet et les facteurs liés à l'environnement.

 

Reprenons ces facteurs ; les facteurs visuels sont : la possibilité de distinguer des détails (acuité angulaire, sensibilité aux contrastes), l'étendue du champ visuel, l'appréciation du relief, grâce à la vision binoculaire, l'appréciation des couleurs et la netteté des images en fonction de l'accommodation.

Les facteurs personnels : ils comportent, le stockage des images, leur confrontation avec des images antérieurement perçues ainsi qu'avec d'autres perceptions sensorielles (auditives, olfactives, etc.), ce qui implique une interprétation, une appréciation, une confrontation et éventuellement une action en retour. Un pêcheur breton verra un banc de poisson là où le citadin ne verra que vague tache sur la mer. Certains auteurs ont appelé ce processus : " composante personnelle de la vision ".

L'environnement, enfin, joue un rôle important. Selon l'éclairage, le degré de saturation des couleurs, l'occupation de l'espace, notre appréhension visuelle du monde extérieur peut varier considérablement.

Modifié d'après des textes de Mlle SANDER M-S. et du Dr MERGIER

Les déficiences visuelles - Les multiples définitions de la cécité et de la malvoyance

L'organisation Mondiale de la Santé, ayant besoin de critères objectifs, a profité de la neuvième révision de la classification internationale des maladies pour classer les déficiences visuelles selon l'acuité et le champ visuel. Elle a ainsi définie cinq catégories de déficiences visuelles numérotées de I à V.

Les catégories I et II correspondent à ce qu'il est convenu d'appeler la malvoyance. On parle aussi de basse vision ou d'amblyopie ou encore de vision réduite. En tout état de cause, les critères d'évaluation reposent toujours sur une baisse d'acuité visuelle ou sur une diminution du champ visuel :

  • Catégorie I : Acuité visuelle binoculaire corrigée inférieure à 3 / 10e et supérieure ou égale à 1 / 10e avec un champ visuel d'au moins 20°.
  • Catégorie II : Acuité visuelle binoculaire corrigée inférieure à 1 / 10e et supérieure ou égale à 1 / 20e. En pratique, les sujets comptent les doigts de la main à trois mètres.

 Les trois catégories suivantes correspondent à la notion de cécité :

  • Catégorie III : Acuité visuelle binoculaire corrigée inférieure à 1 / 20e et supérieure ou égale à 1 / 50e. En pratique, le sujet compte les doigts à un mètre mais ne peut le faire à trois mètres.
  • Catégorie IV : Acuité visuelle binoculaire corrigée inférieure à 1 / 50e mais perception lumineuse préservée. En pratique, le sujet ne compte pas les doigts à un mètre ou champ visuel inférieur à 5°.
  • Catégorie V : Cécité absolue. Pas de perception lumineuse. A fortiori absence d'œil.

 

Catégorie OMS

Conditions sur l'acuité visuelle

Type d'atteinte visuelle (CIM-10)

Type de déficience visuelle (CIH)

Catégorie I

Acuité visuelle corrigée inférieure à 0.3 (3/10) et supérieure ou égale à 0,1 (1/10) avec un champ visuel d'au moins 20°

Baisse de vision

Déficience moyenne

Catégorie II

Acuité visuelle corrigée inférieure à 0,1 (1/10) et supérieure ou égale à (0,05) 1/20

Baisse de vision

Déficience sévère

Catégorie III

Acuité visuelle corrigée inférieure à (0,05) 1/20 et supérieure ou égale à (0,02) 1/50, ou champ visuel inférieur à 10 degrés mais supérieur à 5 degrés

Cécité

Déficience profonde

Catégorie IV

Acuité visuelle corrigée inférieure à (0,02) 1/50 mais perception lumineuse préservée ou champ visuel inférieur à 5 degrés

Cécité

Déficience presque totale

Catégorie V

Cécité absolue, abscence de perception lumineuse

Cécité

Déficience totale

La définition globale de la malvoyance de Bangkok (OMS,1992) est une définition pratique de la malvoyance.

Un malvoyant est une personne présentant une déficience visuelle même après traitement et/ou meilleure correction optique dont l'acuité visuelle est comprise entre 6/18 (0,3) et la perception de la lumière, ou dont le champ visuel est inférieur à 10° autour du point de fixation, mais qui utilise &endash; ou est potentiellement capable d'utiliser &endash; sa vue pour planifier et/ou exécuter une tâche.

L'amblyope est une personne dont l'acuité visuelle après correction du meilleur oeil est inférieure à 4/10 et supérieure à 1/20. L'amblyopie englobe les catégories I et II de la classification de l'OMS, mais elle dépasse la catégorie I qui correspond à une acuité inférieure à 3/10.

Dans la plupart des pays anglo-saxons, on parle de cécité légale lorsque l'acuité visuelle du meilleur oeil est inférieure ou égale à 1/10 et de malvoyance lorsque l'acuité visuelle est inférieure à 5/10. Cette définition de la cécité inclut donc la baisse de vision (catégorie II) de l'OMS. C'est le cas pour les Etats-Unis, le Canada ainsi que pour plusieurs pays européens (Pays-Bas, Royaume-Uni, pays nordiques).

En Allemagne en revanche, les critères sont plus sévères.

 

En France, la législation (guide barème de 1993) désigne comme amblyope toute personne dont l'acuité visuelle du meilleur œil après correction est inférieure à 4/10e et supérieure à 1/20e. A un degré de plus, si l'acuité visuelle du meilleur œil après correction est inférieure ou égale à 1/10e ou égale à 2/10e en cas d'œil unique la mention "canne blanche" est apposée sur la carte d'invalidité.

Enfin, si l'acuité visuelle du meilleur œil après correction est inférieure ou égale à 1/20e une carte d'invalidité est délivrée avec la mention "étoile verte".

A noter qu'actuellement, on parle plus facilement de personne atteinte de cécité ou de non-voyant que d'aveugle ; ce dernier terme ayant une connotation péjorative tendant à englober l'ensemble de la personne alors que seule la vue est atteinte.

Si ces réglementations sont précises, elles cachent une variété d'atteintes. En cas de cécité, il existe une grande différence entre la catégorie 5 (absence totale de perception lumineuse) et la catégorie 4. En cas de malvoyance, les différences sont encore plus grandes entre les 2 catégories.

Par ailleurs, selon la voie d'abord de la cécité, elle peut revêtir un aspect différent. Ainsi peut-on parler de :

  •  cécité clinique par destruction de tout ou partie de l'appareil visuel : œil, voies optiques, aires occipitales ;
  •  cécité professionnelle si le sujet est dans l'incapacité d'effectuer certains travaux et doit être aidé dans la vie courante par une tierce personne ;
  • cécité économique s'il doit suivre un cursus particulier pour l'apprentissage d'une profession ;
  • cécité sociale si son état l'autorise à bénéficier d'une carte d'invalidité ;
  • cécité légale si la législation de son pays prévoit une aide en sa faveur ;
  • cécité pratique si le sujet, bien qu'incomplètement atteint, se comporte comme un aveugle.

 

Il faut savoir, en outre, que deux sujets ayant la même acuité visuelle, le même champ visuel ou les mêmes performances optiques, peuvent avoir des comportements très différents, l'un utilisant au maximum ses possibilités, l'autre les sous-utilisants, ce qui débouche sur la notion de "vision fonctionnelle". Qui dit "vision fonctionnelle" dit aussi "rééducation fonctionnelle de la vision". La vision fonctionnelle est celle qui peut être utilisée en pratique après, par exemple, utilisation des aides optiques ou autres, après aménagement de l'environnement et surtout après la mise en œuvre de techniques spécifiques.

La basse vision ne peut donc, se définir par les seules performances visuelles mais par la déficience visuelle qui peut en résulter après rééducation.

Modifié d'après un texte du Dr MERGIER

Les déficiences

La nomenclature qui s'est appuyée sur la C.I.D.H. (Classification Internationale Des Handicapés) a énoncé neuf grands chapitres dont le cinquième concerne les déficiences de l'appareil oculaire. Ce chapitre est lui-même divisé en huit paragraphes (50, 51, 52, 53, 54, 55, 56, 57).

Les cinq premiers concernent les déficiences de l'acuité visuelle, le sixième prend en compte des déficiences du champ visuel, le septième traite des autres déficiences, notamment des dyschromatopsies et le huitième et dernier regroupe les déficiences de l'appareil oculaire sans plus d'indication.

Le paragraphe 50 reprend la notion de cécité fondée sur l'acuité visuelle, les paragraphes 51 et 52 couvrant les acuités inférieures à 3/10e et supérieures à 1/20e, ce qui ne correspond pas à ce qui a été décidé d'intituler "malvoyance" en France. Le paragraphe 53 concerne la monophtalmie.

 

Les incapacités

A déficience identique, l'incapacité peut être variable et des déficiences variables peuvent entraîner une incapacité identique. Ceci étant compris, on a pu, là aussi, établir une nomenclature comprenant six chapitres.

  • La locomotion,
  • La communication,
  • Le comportement,
  • Les soins corporels,
  • L'utilisation du corps pour certaines tâches,
  • Les incapacités dans des situations particulières.

 

Les handicaps

Leur définition est difficile car ils varient en fonction de l'environnement, de l'âge et du niveau intellectuel et culturel. Un auteur, Wood, s'est attaché à montrer qu'il y a handicap à chaque fois qu'il y a perte de performance, ce qu'il a appelé "rôle de survie".

A défaut d'une classification, une nomenclature a pu être établie comprenant sept chapitres :

  • Scolarité,
  • Travail,
  • Indépendance physique,
  • Indépendance économique,Mobilité,
  • Occupation,
  • Intégration sociale.

En résumé

Nous pouvons dire :

  • Que la déficience correspond à une altération d'une structure ou d'une fonction anatomique, physiologique ou psychologique. Elle concerne donc avant tout un organe ;
  • Que l'incapacité concerne les conséquences de la déficience en terme d'activité ou de performance ;
  • Que le handicap concerne les conséquences de l'incapacité en terme socioculturel ou professionnel.

 

Sur ces bases, l'O.M.S. a élaboré de 1975 à 1978 une classification publiée avec la Classification Internationale des Maladies en 1980. Cette classification comporte trois chiffres. Il en est résulté une nomenclature officielle simplifiée à l'usage des administrations françaises publiée par le Ministère des Affaires Sociales (Arrêté du 4 mai 1988).

 

Modifié d'après des textes de

Description des maladies pourvoyeuses de malvoyance et de cécité chez l'enfant  

 

Modifié d'après des textes de Mlle SANDER M-S. et du Dr ZANLONGHI

Les maladies pourvoyeuses de malvoyance et de cécité chez la personne de plus de 60 ans

Les maladies responsables de déficience visuelle ne sont pas les mêmes dans les pays industrialisés et ceux en voie de développement.

Dans les pays industrialisés, la dégénérescence maculaire liée à l'âge, la rétinopathie diabétique ainsi que le glaucome sont régulièrement cités parmi les trois causes de déficiences visuelles graves.

Dans les pays en voie de développement, cataracte, trachome et glaucome sont les principales causes de cécité. Ces trois affections sont responsables de plus de 70 % des cas de cécité dans le monde.

 

La cataracte est la première cause de cécité dans le monde, à l'origine de 40 % des cas.

Elle correspond à une opacification du cristallin qui entraîne une perte progressive de la vision. Le traitement est chirurgical (extraction du cristallin et implantation d'une lentille intraoculaire) et courant dans les pays développés : plus d'un million d'interventions sont réalisées chaque année aux Etats-Unis.

 

La dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA) est la première cause de cécité dans les pays industrialisés. Elle correspond à une atrophie de l'épithélium pigmentaire rétinien de la fovéa, zone centrale de la rétine, qui se traduit par une altération de la vision centrale. Elle entraîne d'abord une gêne à la lecture et peut évoluer vers une grave déficience visuelle, avec la survenue de néovaisseaux sous-rétiniens. Sa fréquence s'accroît avec l'âge, et elle atteint 25 % des personnes à partir de 80 ans.

Il n'existe pas actuellement de traitement curatif. L'arsenal thérapeutique actuel repose essentiellement sur des médicaments à visée vasculaire ou métabolique ainsi que la photocoagulation au laser des néovaisseaux pour tenter de stabiliser l'évolution. De nouvelles voies de traitement sont également en cours d'expérimentation (chirurgie maculaire, radiothérapie, thérapie photodynamique…).

Avec le vieillissement de la population, le problème de santé publique que constitue la DMLA va certainement s'aggraver.

 

Le glaucome est une maladie complexe associant une altération progressive du champ visuel, une excavation de la papille optique et une élévation non constante de la pression intraoculaire. Son évolution conduit à une destruction progressive des fibres nerveuses de la tête du nerf optique. Le traitement est à la fois médical et chirurgical. La prévention du glaucome repose sur un dépistage systématique, rendu difficile car les premiers signes passent généralement inaperçus. Le glaucome est la troisième cause de cécité mondiale, et la seconde cause chez les américains blancs vivant aux Etats-Unis.

 

La rétinopathie diabétique est la conséquence de lésions des vaisseaux capillaires de la rétine dues au diabète. Dans sa forme grave, proliférante, elle peut évoluer vers une déficience visuelle profonde. Sa prévention passe par un bon contrôle du diabète et un suivi ophtalmologique régulier. Une fois la maladie déclarée, le traitement repose sur la photocoagulation au laser de la rétine afin de prévenir la perte fonctionnelle. Environ 10 % des patients développent une déficience visuelle grave après 15 ans de diabète et même dans les pays développés, le recours aux soins est freiné par le manque de sensibilisation du public.

 

Le trachome, maladie infectieuse responsable de 15 % des cas mondiaux, ne sévit que dans certains pays en voie de développement. Il est provoqué par un parasite responsable d'une conjonctivite chronique avec complications palpébrales et cornéennes aboutissant à la cécité. Sa prévention passe par une amélioration de l'hygiène.

 

Modifié d'après des textes de Mlle SANDER M-S.

Sources de données épidémiologiques

Les problèmes de méthodes

Depuis les années soixante, de nombreuses études ont permis de mieux connaître l'ampleur de la malvoyance, et ainsi de caractériser ce problème de santé en fonction de critères variés (âge, sexe, exposition à certains facteurs de risque…).

Certains pays recensent systématiquement les personnes aveugles et parfois les malvoyants par l'intermédiaire de registres de cécité.

D'autres entreprennent périodiquement des enquêtes de santé perçue, dont un volet est consacré à la déficience visuelle.

Des données sont également fournies par les organismes qui gèrent l'attribution des prestations sociales liées au handicap visuel.

Enfin, quelques enquêtes de prévalence de la cécité et de la malvoyance ont été réalisées dans plusieurs pays européens, dont la France, ainsi qu'aux Etats-Unis.

Néanmoins, toutes les tentatives pour mesurer l'ampleur de la cécité et de la malvoyance posent des problèmes méthodologiques importants :

- que mesure-t-on ?

- quelles définitions ?

- quelle méthode de mesure ?

- enquête déclarative ou examen clinique ?

- comment évaluer le handicap ?

 

Que mesure-t-on ?

Trois types de données sont disponibles dans les différentes enquêtes : l'évaluation de la déficience visuelle grâce à la mesure de l'acuité visuelle et du champ visuel (quand cela est possible), l'épidémiologie des pathologies pourvoyeuses de basse vision, les tentatives d'évaluation du handicap visuel (incapacités et désavantages).

 

Quelles définitions ?

Les comparaisons internationales sont rendues difficiles par la multiplicité des définitions de la cécité et plus encore de la malvoyance dans la mesure où :

  • les outils de mesure ne sont pas identiques
  • les bornes entre la malvoyance et la cécité varient également selon les sources.

L'usage de la classification OMS tend cependant à se généraliser, en particulier dans les enquêtes de prévalence qui comportent un examen ophtalmologique. Or, cette classification prend en compte non seulement l'acuité visuelle, mais également le champ visuel dont la mesure n'est pas toujours possible dans des enquêtes effectuées à domicile.

 

Les outils de mesure ?

Le type d'examen ophtalmologique réalisé conditionne le critère de cécité ou de malvoyance applicable. Il peut s'agir d'un examen de dépistage avec simple mesure de l'acuité visuelle pratiqué par un personnel non médical ou d'un examen plus complet effectué par un médecin ophtalmologiste.

La définition du glaucome repose ainsi sur l'examen du champ visuel qui est rarement disponible. Pour certaines pathologies, comme la rétinopathie diabétique, la classification repose sur des techniques trop complexes (angiographie rétinienne) pour être utilisées dans les enquêtes de prévalence.

 

Enquête déclarative ou examen clinique ?

Les résultats sont forcément différents selon qu'il s'agisse d'enquêtes déclaratives (on parle alors de " santé perçue "), qui en général ne s'accompagnent pas d'un examen médical du patient, ou que l'on procède à un examen ophtalmologique approfondi. Ces enquêtes de santé perçue traduisent plus les incapacités ressenties par la personne qu'une déficience objectivée par l'examen clinique. Elles permettent en revanche d'améliorer la connaissance sur la gêne visuelle ressentie dans la vie quotidienne.

Les comparaisons planétaires traduisent aussi le fait que tous les pays ne bénéficient pas des mêmes progrès médicaux. La prévalence d'une cause de cécité peut chuter ici sur une quinzaine d'années, comme c'est le cas pour la cataracte dans les pays industrialisés, alors qu'elle reste très importante ailleurs.

 

Epidémiologie du handicap ?

L'épidémiologie du handicap visuel s'avère plus complexe que celle de la malvoyance qui en est responsable. A l'âge adulte, handicap physique et psychique sont fortement intriqués au handicap social. Plusieurs facteurs vont influer sur le handicap résultant.

L'association fréquente de plusieurs pathologies avec le vieillissement, augmentera considérablement la dépendance.

La gêne et le handicap provoqués par une déficience de la vision dépendent du type de maladie en cause. En particulier, certaines affections, telle la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA), provoquent une altération de la vision centrale, mais conservent intact le champ visuel périphérique. Les patients atteints ressentiront une gêne importante pour toutes les activités qui nécessitent une certaine acuité visuelle, comme la lecture, l'écriture, la composition de numéros de téléphone. En revanche, les activités qui sollicitent une vision périphérique, comme la déambulation, la possibilité de sortir à l'extérieur du domicile, seront peu menacées et ces patients conserveront une certaine autonomie.

Dans d'autres maladies en revanche, comme le glaucome à un stade avancé, le champ visuel peut être considérablement altéré et le patient sera gêné dans les activités nécessitant une vision périphérique et une "bonne appréhension de l'espace visuel ", comme la déambulation. L'impact de la maladie dans la vie quotidienne sera donc très différent.


Les registres sous estiment les prévalences

Des estimations de la prévalence de la cécité et de la malvoyance peuvent être obtenues à partir de registres de cécité. En Europe, ces registres existent en Angleterre, en Ecosse, en Italie, en Allemagne, sur l'Ile de Malte, et dans les pays nordiques (Danemark, Suède).

En Grande-Bretagne, le registre pour la cécité existe depuis 1920. L'existence d'une cécité légale doit faire l'objet d'une déclaration administrative effectuée par les patients. Un registre de malvoyance existe également depuis 1948 [Leducq].

Il n'existe malheureusement pas de registre de cécité en France

Dans la plupart des pays, l'inscription aux registres de cécité ou de malvoyance repose sur une participation volontaire des patients. Le plus fréquemment, les registres de cécité recensent les patients pouvant bénéficier de compensations financières pour leur handicap (Royaume Uni, Allemagne ...). Dans d'autres cas, l'inscription est conditionnée par la présence d'un niveau donné de déficience visuelle.

En Italie par exemple, les patients doivent présenter un certificat médical signé par un ophtalmologiste attestant d'une acuité visuelle inférieure à 1/20. Par ailleurs la liste des patients bénéficiant d'une pension d'invalidité (acuité visuelle inférieure à 1/10) et une allocation tierce personne (acuité visuelle inférieure à 1/20) est disponible depuis 1980. [Nicolosi].

La variabilité des conditions d'inscription explique la fluctuation des taux de cécité obtenus à partir des différents registres. En Europe, la définition de la cécité légale varie de 1/10 inclus en Angleterre à moins de 1/50 en Allemagne. Au Danemark, où la cécité légale est admise pour une acuité visuelle inférieure ou égale à 1/10, le taux de cécité est pratiquement divisé par trois lorsque l'on applique les critères OMS [Rosenberg].

Plusieurs études ont montré que l'exhaustivité de ces registres reste faible, de l'ordre de 50 % [Bunce, Robinson].

Ainsi, le taux d'inscription aux registres des patients éligibles est estimé à 51 % pour les patients atteints de cécité légale et serait trois fois plus important pour les malvoyants [Bunce]. Indépendant de la pathologie incriminée, ce taux est meilleur en cas d'affection non évolutive, non curable, provoquant une atteinte de la vision centrale plutôt que du champ visuel. Robinson confirme ce taux de 48 % d'enregistrement parmi les 1 543 patients suivis dans un service hospitalier d'ophtalmologie.

On peut donc dire que les prévalences obtenues à partir des registres de cécité et de malvoyance sont largement sous-estimées.


Enquêtes de santé perçue, des outils non spécifiques au handicap visuel

Les enquêtes de santé perçue constituent une autre source de données sur la prévalence de la cécité et de la malvoyance. Ces enquêtes procurent des données sur les déficiences, qui ne sont définies non pas sur des critères médicaux, mais telles qu'elles sont ressenties par les patients. De manière générale, ces enquêtes ne sont pas spécifiques au handicap visuel.

" L'enquête santé " est une enquête nationale sur la santé et les soins médicaux, conduite tous les dix ans depuis 1960 par l'INSEE à la demande du Ministère de la Santé. Elle a été effectuée en 1990 auprès d'un échantillon de 8 235 ménages, soit 21 597 individus, représentatifs de la population nationale des ménages ordinaires [Felder]. Les personnes vivant dans des collectivités et les personnes vivant seules et hospitalisées sont exclues du champ de l'étude. La notion de handicap retenue est vaste et subjective. Plusieurs aspects de la déficience sont évoqués : le type de déficience principale et éventuellement

secondaire, son origine, l'aptitude au déplacement, l'existence d'une aide régulière, par qui est apportée cette aide, la fréquentation régulière d'une institution spécialisée, et le cas échéant le type d'institution, l'existence d'une aide financière liée à la déficience et le type de cette aide, l'existence d'une aide pour les travaux ménagers. Ces différentes variables ont été croisées avec des variables sociales et démographiques.

L'enquête " Conditions de vie des ménages " réalisée en 1986-1987 sur un échantillon de 13 154 ménages a pour but d'approcher l'aspect multidimensionnel des situations des personnes défavorisées. L'enquête porte sur différents aspects de la vie : niveau d'études, conditions de travail, conditions de logement, revenus, chômage éventuel et présence de handicapés dans la famille [In Les handicapés. Chiffes repères 1990. Ministère de la santé et de la protection sociale. La Documentation Française.]. Au sein de chaque ménage, une personne est tirée au sort et un questionnaire particulier lui est appliqué : santé, habitudes de vie, conditions de vie durant sa jeunesse, conditions de travail, relations avec autrui. Ce dernier questionnaire permet de se faire une idée des handicaps, incapacités ou gênes que les personnes déclarent ressentir dans leur vie quotidienne.

Trois aspects du handicap sont approchés : appréciation de l'état de santé des personnes en fonction de leur âge, présence d'une ou plusieurs personnes handicapées, selon la nature de leur handicap et l'existence d'une allocation pour chacune d'entre elles, nécessité d'une aide régulière et origine de cette aide fournie par le ménage lui-même ou par un intervenant extérieur. L'appréciation de la gêne ressentie porte sur les actes élémentaires de

la vie (se lever de son lit, se laver, s'habiller et se déplacer dans son logement), des activités physiques limitées, mais nécessaires à la vie sociale, des activités diverses (faire le ménage, accomplir des démarches administratives, avoir une vie relationnelle). La notion de handicap ainsi prise en compte dépasse largement les critères médicaux habituellement utilisés pour évaluer les déficiences visuelles.

Des enquêtes similaires existent dans d'autres pays.

Aux Etats-Unis par exemple, la National Health Interview Survey (NHIS) étudie depuis 1960 la population non institutionnalisée. En 1992, 46 000 ménages représentant environ 128 000 personnes sont enquêtés [LaPlante]. La déficience visuelle y est définie soit par une cécité ressentie subjectivement par le patient sur un oeil ou les deux yeux, soit par la persistance de troubles de la vue avec les lunettes [Hyman].

En Italie, l'enquête nationale de santé a pour but de suivre l'état de santé de la population et de connaître les causes de l'accès aux services de santé. Elle est réalisée à partir d'un échantillon représentatif de 35 000-45 000 familles [Nicolosi]. La cécité est définie selon des critères subjectifs.


Enquête de prévalence

En France, deux enquêtes ont étudié l'importance de la cécité et de la malvoyance.

  • L'enquête épidémiologique sur la cécité et les handicaps visuels dans les Bouches-du-Rhône, réalisée en 1985 par l'Institut de Médecine Tropicale du Service de Santé des Armées (I.M.T.S.S.A.) à la demande de l'Organisation pour la Prévention de la Cécité (OPC), a porté sur 69 354 personnes. Cette enquête visait à évaluer la prévalence des handicaps visuels dans la ville de Marseille et le département des Bouches-du-Rhône et à identifier les groupes à risques [Queguiner, Gateff]. L'enquête a été réalisée sur un échantillon représentatif de la population par une méthode de sondage pseudo aléatoire en grappe sur Marseille ville et le reste du département des Bouches-du-Rhône. Un examen a été réalisé pour chacun des aveugles recensés (catégories OMS III à V), comportant en particulier une mesure de l'acuité visuelle par comptage des doigts à distances prédéterminées, ainsi qu'un interrogatoire portant sur la cause de la cécité, le niveau du handicap (retentissement sur certains actes de la vie quotidienne), le retentissement professionnel.
  • L'enquête nationale sur l'évaluation des basses visions, réalisée en 1995 par l'Institut IPSEN auprès des 5 000 ophtalmologistes français, avait pour triple objectif d'évaluer le nombre de praticiens intéressés par la basse vision, d'obtenir une base épidémiologique sur la fréquence des basses visions dans une consultation " tout venant " en ophtalmologie, et de connaître les pathologies incriminées [Mergier]. Chaque ophtalmologiste a été invité à remplir durant une journée un questionnaire simplifié comportant, pour chaque patient examiné ce jour là, l'âge, le sexe, l'acuité visuelle de loin après correction de l'oeil droit et de l'oeil gauche, la principale pathologie incriminée, éventuellement une seconde pathologie. 3 000 ophtalmologistes ont répondu, ce qui représente 17 887 fiches exploitables [Mergier].

Plusieurs études dans d'autres pays ont concerné la déficience visuelle du sujet âgé.

  • L'étude ophtalmique de Framingham dérive de l'étude longitudinale cardio-vasculaire effectuée dans la ville de Framingham dans l'état du Massachussets aux Etats-Unis à partir de 1948. Le premier examen ophtalmologique, réalisé entre 1973 et 1975, a concerné 2 477 patients âgés de 52 à 85 ans. Cette enquête avait pour but d'estimer la prévalence de certaines affections ophtalmologiques, la prévalence de la cécité, l'acuité visuelle, et enfin de mettre en relation les variables relevées lors du screening avec des pathologies ophtalmologiques [Kornitzer].
  • L'étude de Rotterdam aux Pays-Bas avait pour but d'évaluer l'importance de maladies chroniques ophtalmologiques, neurologiques, cardiovasculaires et d'atteintes locomotrices chez des sujets âgés de plus de 55 ans. Il s'agit d'une étude de cohorte, réalisée à Ommoord, un district de la ville de Rotterdam. Les examens ophtalmologiques réalisés entre 1990 et 1993 concernent 6 775 personnes âgées de 55 à 106 ans [Klaver]. Deux critères ont été retenus pour définir cécité et malvoyance : la classification internationale des maladies de l'OMS ainsi que les définitions usuelles aux Etats-Unis. La prévalence de la cécité et de la malvoyance ont été calculées sur l'ensemble de la population selon l'âge et le sexe. Trois points sont particulièrement intéressants dans cette étude. En premier lieu, les examens ophtalmologiques réalisés par trois médecins ophtalmologues sont très complets et comprennent un examen systématique du champ visuel ainsi qu'une photographie du fond d'oeil. Pour chaque personne, la cause principale de cécité a été obtenue par l'examen de l'ensemble des données. Les prévalences des causes de cécité et de malvoyance ont été calculées pour 3 tranches d'âge. La population étudiée est par ailleurs âgée, avec une proportion élevée de personnes de plus de 80 ans. Enfin, la répercussion sur la vie quotidienne est étudiée par une évaluation de la capacité à réaliser certains actes (habillage, lever, déplacements, toilette, alimentation, marche, préhension, mouvement).
  • L'étude EPESE est issue d'une cohorte longitudinale initiée en 1983 par l'Institut de recherche sur les personnes âgées aux Etats-Unis. Les 5 335 survivants de cette cohorte de 3 régions (Iowa, Boston, New Haven), âgés de 71 ans et plus, ont bénéficié durant l'année 1988, à leur domicile, d'un examen de leur acuité visuelle de loin et de près [Salive].
  • Dans la Beaver Dam Eye Study, réalisée en 1987-88 dans l'Etat de Wisconsin, 4 926 personnes âgées de 43 à 86 ans, ont bénéficié, comme pour l'étude de Rotterdam, d'un examen ophtalmologique complet. L'objectif était d'évaluer la fréquence de pathologies cécitantes, en particulier la dégénérescence maculaire liée à l'âge, la cataracte et le glaucome [Klein]
  • L'enquête sur la prévalence de la cécité dans la population institutionnalisée de Baltimore a porté sur 500 personnes âgées de plus de 40 ans et vivant en maison de retraite. Il s'agit d'une enquête complémentaire à l'étude sur la population urbaine américaine réalisée chez 5 300 personnes de la région de Baltimore vivant à domicile.L'examen ophtalmologique complet a comporté un relevé du champ visuel. Les examens ont été réalisés durant l'année 1988-89 [Tielsch].
  • Depuis 1984, le Centre de Référence Ophtalmologique de Santé Publique en Italie s'intéresse aux aspects relatifs à la santé publique de la santé oculaire. Le choix de la zone géographique a été effectué après analyse des certificats médicaux de 3 444 membres de l'Union Italienne des Aveugles de la région Latium. Les zones à plus fort risque de cécité ont été identifiées. La commune de Ponza, sur l'île de Ponza, a été choisie d'une part pour la grande fréquence de cécités dues à la cataracte et à la rétinopathie pigmentaire, d'autre part pour l'homogénéité génétique de sa population. Le recueil des données est effectué lors de visites de masse réalisées par des médecins ophtalmologistes. [Cerulli].


Enquête sur les handicaps page 12 MSS

 En dehors de l'enquête santé, peu d'enquêtes abordent en France le problème des incapacités et des handicaps est limité [Ravaud].

  • La Direction régionale de l'équipement d'Ile-de-France a mis en oeuvre depuis 25 ans une enquête périodique sur les déplacements des personnes, ainsi que sur les raisons de non-déplacements pour cause de handicap. Elle a porté en 1991-92 sur un échantillon représentatif de 16 000 logements issus du recensement INSEE. Outre la caractérisation des modes de déplacement, cette enquête visait à évaluer les situations de handicap, les déficiences à l'origine de ces incapacités, les aides nécessaires ainsi que l'utilisation des aménagements spécifiques.
  • L'analyse des dossiers de 75 COTOREP en 1986 a permis d'évaluer l'importance relative des déficiences visuelles par rapport aux autres handicaps. De même, une analyse portant sur les taux d'attribution de l'allocation pour adultes handicapés a été réalisée dans 46 départements en 1995.
  • PAQUID (QUID chez les personnes âgées) est une enquête épidémiologique dont l'objectif général est d'étudier le vieillissement cérébral et fonctionnel après 65 ans, d'en distinguer les modalités normales et pathologiques, et d'identifier les sujets à haut risque de détérioration physique ou intellectuelle chez lesquels une action préventive serait possible. Deux axes principaux de recherche ont été développés : étude du vieillissement cérébral et pathologique (démences) et étude de la perte d'autonomie du sujet âgé, en particulier les liens entre déficiences, incapacités et handicap, et la recherche de facteurs prédictifs. Une cohorte de 2 792 personnes âgées de 65 ans et plus vivant dans les départements de Gironde et Dordogne, constituée par tirage au sort, est ainsi suivie depuis 1988. Le recueil initial des données est effectué au domicile par des psychologues. Les données recueillies concernent les caractéristiques socio-démographiques, l'habitat, le réseau social, l'état de santé : déficiences, symptomatologie douloureuse et essoufflement, antécédents, médicaments pris, signes fonctionnels, incapacités, symptomatologie dépressive (CES-D), évaluation des fonctions cognitives (MMS : Minimental State), état de santé. L'incapacité est mesurée au moyen de l'échelle d'activité de la vie courante de Katz qui comporte 6 items : faire sa toilette, s'habiller, aller aux W.-C., se déplacer, s'alimenter et la continence. L'échelle d'activités instrumentales de Lawton comporte huit items : utiliser le téléphone, faire les courses, préparer les repas, entretenir la maison, faire la lessive, utiliser un moyen de transport, être responsable pour la prise de ses médicaments et gérer son budget. L'état de santé est évalué par l'échelle de Rosow et Breslau. L'autonomie fonctionnelle a été évaluée en termes d'incapacité, handicap et santé subjective [PAQUID].
  • L'enquête santé américaine NHIS évalue les incapacités dans la vie quotidienne au moyen des échelles ADL de Katz et IADL de Lawton. Elle a consacré deux années consécutives un important volet à l'étude des incapacités dans la population américaine : la National Health Interview Survey &endash;Disability Survey [Site Web : http://www.cdc.gov/nchs/about/major/nhis/hisdesc.htm ]. La NHIS-D étudie non seulement les incapacités dans la vie quotidienne, l'éducation, le travail, mais également le recours aux systèmes d'aides techniques, aux services sociaux.
  • Plusieurs enquêtes de prévalence déficience visuelle ont consacré un volet à leur retentissement sur la vie quotidienne, en particulier chez la personne âgée [Klaver, Salive]. Les performances visuelles nécessaires à certaines activités journalières ont été évaluées en fonction de l'acuité visuelle chez 200 personnes âgées dans une enquête suédoise [Bergman]. L'association entre déficience visuelle et troubles de la mobilité des personnes a été également étudiée dans la cohorte EPESE [Salive].

Modifié d'après des textes de Mlle SANDER M-S.

Etudes épidémiologiques

 

Les résultats des études épidémiologiques de l'OMS

En 1999, l'Organisation Mondiale de la Santé estime à 180 millions le nombre de personnes souffrant de handicap visuel dans le monde, parmi lesquelles 45 millions sont atteintes de cécité (catégories III-V) et 135 millions de déficience visuelle (catégories I-II). La prévalence mondiale de la cécité est estimée à 0,7 % [Source : OMS ]

 

Tableau de la prévalence de la CECITE (taux de cécité) selon les pays

 Région

 Taux de cécité pour mille habitants

Répartition par région (%)

Charge de cécité par région

 Pays industrialisés

 3

 6,3

 0,41

 Pays de l’ex-bloc socialiste de l’Europe de l’Est

 3

 2,9

 0,44

 Inde

 10

 23,5

 1,46

 Chine

 6

 17,7

 0,82

Autres parties de l’Asie

 8

 15,3

 1,18

Afrique subsaharienne

 14

 18,7

 1,93

Amérique Latine et Antilles

 5

 6,1

 0,72

 Moyen-Orient

 7

 9,5

 0,99

Source : Data on visual impairment OMS : Site Web : http://www.who.int

Les inégalités géographiques sont le reflet des disparités économiques entre pays : neuf aveugles sur dix vivent dans un pays en voie de développement. Ainsi, la prévalence de la cécité, qui se situe autour de 3 pour mille dans l'ensemble des pays industrialisés, varie entre 5 et 14 pour mille dans les pays en voie de développement (tableau de prévalence de la cécité). Elle est pratiquement cinq fois plus élevée en Afrique qu'en Europe ou en Amérique du Nord.

La charge régionale de cécité (RBB ou Regional Burden of Blindness) rapporte les cas de cécité à la population d'une même région. Le RBB correspondant à une région du monde sera d'autant plus proche de 1 que la cécité y sera équitablement répartie : par exemple, le RBB est égal à 1 pour un pays qui représente 5 % des cas mondiaux de cécité et dont la population représente 5 % de la population mondiale [Rougemont].

Les données mondiales font apparaître une nette augmentation de la cécité avec l'âge [Thylefors]. Ainsi, 58 % des cas de cécités mondiaux concernent des personnes âgées de plus de 60 ans, ce qui représente environ 25 millions de personnes.

Le nombre d'aveugles augmente environ de 2 millions chaque année, dont 80 % sont des personnes âgées. D'ici 2020, le nombre de personnes âgées de 60 ans et plus devrait doubler pour atteindre 1,2 milliard, dont 54 millions d'aveugles [source OMS].

En se basant sur le ratio nombre de malvoyants/nombre d'aveugles dans le monde, on peut estimer la prévalence de la malvoyance à 2,1 % au niveau mondial et 0,9 pour mille dans les pays industrialisés.


Les registres

La prévalence de la cécité (catégories III à V OMS) fluctue, selon les registres des différents pays, entre 1 et 1,9 cas de cécités pour mille habitants. En Allemagne où la cécité légale correspond à la notion de déficience presque totale de l'OMS (catégorie IV), la prévalence est estimée à 1 pour mille.

Lorsqu'on inclut les déficiences visuelles (catégories I et II de l'OMS), la prévalence fluctue ente 1,6 et 3 pour mille.

Les données concernant l'incidence annuelle de la cécité sont moins nombreuses.

Celle-ci est estimée selon les régions entre 0,11 et 0,15 pour 1 000 habitants.

Le nombre de personnes inscrites aux registres est en augmentation [Graf, Nicolosi, Rosenberg]. En Allemagne, le nombre de personnes inscrites au registre de la région de Hesse augmente annuellement de 2,6 % [Graf]. En Italie, la prévalence est passée entre 1984 et 1988 de 1,4 à 1,9 pour mille [Nicolosi]. Selon Rosenberg, l'incidence annuelle a doublé en 25 ans.

L'ensemble des études confirme une augmentation de la prévalence avec l'âge.

Dans le registre d'Oxford par exemple, la prévalence est multipliée par 20 entre 60 et 90 ans [Hyman]. Le taux de cécité passe approximativement de 0,5 % à l'âge de 65 ans à 10 % à partir de 90 ans.

Dans l'ensemble des registres, les patients de plus de 60 ans représentent plus des deux tiers des nouveaux inscrits. [Krumpaszky, Rosenberg].

Dans la région de Hesse en Allemagne, l'âge moyen des nouveaux patients atteints de cécité en 1996 est égal à 78 ans et 84,3 % sont âgés de plus de 60 ans. Au Danemark en 1992, 92 % des nouveaux patients inscrits durant l'année ont plus de 60 ans. [Rosenberg]. Dans le registre de Bavière, les personnes de plus de 60 ans représentent 60 % de la prévalence et 70-80 % de l'incidence annuelle [Krumpaszky].

Une autre étude effectuée sur le registre de la région Wurttemberg-Hohenzollern confirme ces résultats [Krumpaszky]. L'incidence annuelle y est égale à 11,6 / 100 000 tous âges confondus. Modérée chez l'enfant (4,5 / 100 0000), elle atteint un palier à 20 ans et augmente à nouveau après 60 ans, plus chez la femme (15,6 / 100 000) que chez l'homme (12,2/100000).

Il existe une sur-représentation des femmes, variant selon les registres entre 1,5 et 2,8 femmes pour 1 homme. [Graf, Krumpaszky, Rosenberg].

Tableau de la prévalence de la cécité et de la malvoyance obtenue à partir de différents registres

 

 


Enquêtes de santé perçue

En France, dans l'étude des conditions de vie des ménages réalisée en 1986-87 par l'INSEE, plus de 3 millions de personnes sont déclarées handicapées (3 189 000) [Guignon]. Parmi celles-ci, 340 000 souffrent de déficiences de l'appareil oculaire, dont 47 000 de cécité ou quasi-cécité et 67 000 de déficience sévère d'un oeil. La prévalence correspondante est égale à 6,1 pour mille au total et 0, 8 pour mille pour la cécité.

Selon l'enquête santé réalisée en 1991, plus de 5 millions de personnes vivant à domicile déclarent être handicapées ou encore ressentir une gêne ou difficulté dans la vie courante [Felder]. 1 950 000 personnes présentent une déficience visuelle qu'elle soit principale ou secondaire, soit 35 pour mille. 2,8 % de la population présente une déficience visuelle à titre principal. La déficience visuelle se situe au second plan, après la déficience motrice.

La déficience visuelle s'accroît avec l'âge. Elle concerne 9 % des personnes à partir de 65 ans. C'est la déficience principale chez 1,0 % des enfants (moins de 20 ans), 2,6 % desadultes de 21 à 59 ans et 5,8 % des personnes âgées (60 ans et plus). La proportion de femmes est plus importante à partir de 75 ans : 13 % des femmes contre 9 % des hommes [Lebeaupin]. La part des déficiences associées est plus importante chez la personne âgée (une personne sur 3) que chez les adultes d'âge actif (une personne sur 5).

Aux Etats-Unis en 1983, la National Interview Survey confirme l'augmentation de la malvoyance avec l'âge [Hyman]. La prévalence augmente d'un facteur 3 entre 45 et 75 ans. Il existe une surreprésentation des hommes avant 75 ans, qui diminue avec l'âge.

En Italie, la prévalence de la cécité (pour mille habitants) est estimée à 4,5 pour mille en 1983 par l'enquête nationale de santé et 4,9 en 1986-87 [Nicolosi]. L'augmentation avec l'âge est retrouvée, d'un facteur 16 à partir de 60 ans. Un déficit moteur est présent dans 12,1 % des cas de cécité, contre 1,4 % dans la population non-aveugle.

 

 

Tableau de la prévalence de la cécité et des déficiences visuelles dans les enquêtes de " santé perçue "

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Comparaison des enquêtes santé

Les estimations obtenues à partir des enquêtes de santé perçue en France et aux Etats-Unis, donnent des résultats cohérents pour les tranches d'âge étudiées (voir graphique ci dessous). En revanche, selon l'enquête INSEE sur les conditions de vie des ménages, le nombre de déficients visuels serait nettement moindre, pratiquement d'un facteur 5. Les prévalences estimées à partir de l'enquête italienne sont également plus faibles, d'un facteur 4 à 6 selon l'âge. Mais ces données concernent la cécité ressentie et non le handicap visuel.

En ce qui concerne la cécité, la prévalence tous âges est un peu plus du double de celle estimée par les registres, ce qui est cohérent avec le fait que les registres sous-estiment de 50 % environ la proportion de personnes aveugles.

Pour le handicap visuel en revanche, les chiffres sont beaucoup plus élevés que ceux fournis par l'OMS et les registres de malvoyance. Par rapport aux données de l'OMS (9 pour mille), les chiffres sont 3 à 4 fois plus élevés, et bien plus encore par rapport aux registres.

Ceci pose le problème du handicap ressenti par la personne dans sa vie quotidienne, par rapport à la définition médicale de la déficience basée sur l'acuité visuelle et le champ visuel.

Les enquêtes de santé ne confirment pas la surreprésentation des femmes constatée dans les registres. Dans l'enquête santé en France, le ratio hommes/femmes est égal à 1 avant 75 ans et à 0,69 à partir de 75 ans. Dans l'enquête américaine, le ratio

hommes/femmes est égal à 1,67 avant 65 ans, 1,17 de 65 à 74 ans et 0,99 après 75 ans.

Les handicaps associés sont fréquents (12 à 20 %), plus encore chez la personne âgée (30 %). Ils auront des implications complexes pour le traitement et la réadaptation.

 

 

Graphique de la prévalence de cécité et handicap visuel à partir d'enquêtes santé

 

 


Enquête de prévalence

En France, la prévalence de la cécité tous âges confondus (catégories III-V OMS) est estimée à 1,9 pour mille dans l'enquête de Marseille [Queguiner]. Un quart des patients présentent une cécité absolue et près de la moitié ne comptent pas les doigts à 1 mètre [Marot].

Après 50 ans, des valeurs plus élevées sont obtenues dans la cohorte de Framingham aux Etats-Unis, soit 7,5 pour mille, mais en considérant la cécité légale aux Etats-Unis, qui inclut des malvoyants jusqu'à 1/10 [Kornitzer].

Aux Pays-Bas, la prévalence de cécité est estimée, dans l'étude de Rotterdam, à 4,7 pour mille à partir de 57 ans. Cependant, si on applique le même critère que pour la cohorte de Framingham, la prévalence s'élève à 7,5 pour mille, prévalence similaire à celle obtenue dans la cohorte de Framingham. Si on inclut les sujets malvoyants, la prévalence est égale à 14,2 pour mille. Le ratio nombre de malvoyants / nombre d'aveugles est égal à 3, ce qui correspond aux estimations de l'OMS [Klaver].

Dans la Beaver Dam Eye Study, où les personnes examinées avaient plus de 43 ans, la prévalence est égale à 5 pour mille [Klein].

En Bulgarie, une enquête chez 6 275 personnes de plus de 40 ans de la région de Sofia retrouve 4,9 pour mille cas de cécité et 8,9 pour mille pour la malvoyance selon les critères OMS [Vassileva].

Dans la Blue Mountain Eye Study réalisée dans la région de Sydney en Australie chez des personnes âgées de 49 ans et plus, le taux de cécité est égal à 7 pour mille, avec les mêmes critères que pour l'enquête de Framingham [Attebo].

Selon les études, la prévalence moyenne de la cécité varie dans une fourchette comprise entre 2 et 8 pour mille en fonction de l'âge d'inclusion des personnes et des définitions choisies.

A partir de 50 ans, la prévalence de la cécité se situe à un peu moins de 5 pour mille avec les critères OMS, et un peu plus de 7 pour mille avec les critères anglo-saxons.

La prévalence de la malvoyance se situerait à partir de 50 ans entre 9 et 15 pour mille selon les critères OMS.

 

Toutes les études montrent que la prévalence augmente fortement avec l'âge

Dans l'enquête de Marseille par exemple, les sujets aveugles ont en moyenne 62 ans. L'âge de survenue de la cécité objective deux pics : entre la naissance et 20 ans pour le quart des patients, entre 60 et 80 ans pour le tiers des patients. La prévalence de la cécité augmente avec l'âge, et passe de 0,52 pour mille chez l'adulte jeune à 5,53 pour mille entre 60 et 80 ans et 13,27 pour mille au-delà. Dans l'enquête de Framingham, la prévalence est multipliée par 20 à partir de 75 ans.

Dans l'enquête de Rotterdam, elle augmente d'un facteur 6 à partir de 75 ans et même d'un facteur 40 à partir de 85 ans, si on considère la tranche 55-65 ans comme âge de référence.

Comme pour la cécité, la prévalence de la malvoyance augmente nettement avec l'âge, d'un facteur 25 à partir de 75 ans et même d'un facteur 100 à partir de 85 ans, si on considère la tranche 55-65 ans comme âge de référence.

Dans l'enquête du Wisconsin (Beaver Dam), la prévalence également est multipliée par 3 entre 45 et 65 ans et par 20 à partir de 75 ans.

Dans la cohorte EPESE, réalisée chez des patients de plus de 70 ans la prévalence moyenne atteint 46 pour mille, soit environ 6 fois celle de Rotterdam et Framingham avec des critères équivalents (catégories OMS II à V)

Dans l'étude Finlandaise de Hirvela et Laatikainen [39], réalisée chez 500 personnes âgées de 70 ans et plus, 19 pour mille sont aveugles et 101 pour mille sont malvoyantes selon les critères OMS.

 

Il existe dans certaines enquêtes une sur-représentation des femmes.

Dans l'enquête de Marseille, la prévalence par sexe n'a pu être calculée, car la répartition de la population par sexe était inconnue.

L'enquête de Rotterdam confirme une sur-représentation des femmes, avec une prévalence trois fois supérieure à celle des hommes (6 pour mille contre 2 pour mille). Cette sur-représentation se manifeste à partir de 75 ans. Elle concerne également la malvoyance, avec un ratio moyen de 2,3.

En revanche, l'enquête de Framingham ne confirme pas de prédominance du sexe féminin.

 

La prévalence est plus élevée dans la population institutionnalisée

Dans l'étude de Baltimore réalisée sur une population résidant en maison de retraite âgée de 43 ans à 86 ans, la prévalence de la cécité est égale à 74 pour mille selon les critères OMS et celle de la malvoyance est estimée à 230 pour mille. La prévalence de la cécité dans la population résidant en maison de retraite est multipliée par 16 par rapport à celle de la population non institutionnalisée de la cohorte de Baltimore. [Tielsch]

 

Tableau de comparaison des différentes enquêtes de prévalence

 

Tableau de prévalence de la cécité et des déficiences visuelles dans les enquêtes de prévalence

 

 

 

 

L'enquête basse vision en France

L'enquête " basse vision " effectuée auprès des ophtalmologistes français en 1995 n'est pas de même nature. Il ne s'agit pas d'une enquête de population mais d'un relevé d'activité des praticiens, qui ne concerne que les patients ayant consulté. Ces résultats ne sont donc pas comparables aux études précédentes.

Dans cette enquête, 7,14 % des patients ont une malvoyance ou une cécité (classification I à V de l'OMS) [MERGIER]. Parmi, ces patients, 91 % ont une malvoyance légère (catégorie I de l'OMS) et 9 % répondent au critère de cécité légale en France (catégories II à V). 22 % des personnes concernées ont moins de 60 ans, 29 % entre 91 et 75 ans et 47 % plus de 75 ans. Il existe une nette prédominance du sexe féminin (71 % des cas).

Textes, tableaux et graphiques sur la page : Enquête basse vision de 1995 dont les résultats ont été publiés par le Dr MERGIER

 


Enquêtes sur les relations entre handicap et déficience visuelle

 La déficience visuelle représente entre 3 et 20 % des causes de handicaps dans les différents pays européens (données Eurostat).

Le handicap visuel n'est pas le plus invalidant L'enquête santé en France, fournit non seulement des indicateurs sur l'importance des déficiences visuelles dans la population vivant à domicile mais également sur les aides dont bénéficient ces personnes dans les actes de la vie courante.

Selon les résultats de cette enquête, les déficients visuels sont plus autonomes que les autres personnes handicapées [source : La santé en France 96. Ministère du travail et des affaires sociales. Haut Comité de la santé publique. La Documentation Française, 1996 ]. Moins de 10 % bénéficient d'une aide à la vie quotidienne. Ils ont rarement besoin d'une aide régulière pour se déplacer. La déficience visuelle, telle que déclarée dans l'enquête, est dans une grande majorité des cas un handicap qui, même s'il entraîne des difficultés dans la vie quotidienne, permet une vie relativement normale.

Les déficients visuels sont les personnes handicapées les plus autonomes et perçoivent moins fréquemment une aide financière.

La part des déficiences associées est plus importante chez la personne âgée (une personne sur 3) que chez les adultes d'âge actif (une personne sur 5).

La part d'actifs chez les déficients visuels est importante (72 %), proche de celle de la population générale (73,7 %) alors qu'elle est seulement de 51 % chez les déficients moteurs. Les déficients visuels ont fait les études les plus longues, plus de la moitié d'entre eux ont suivi un enseignement secondaire ou supérieur. Leur niveau de formation est proche de celui de l'ensemble de la population. C'est pour cette déficience que la proportion d'ouvriers est la plus faible.

 

La déficience visuelle entraîne une perte d'autonomie

L'étude de Rotterdam montre que les sujets aveugles ou malvoyants sont plus institutionnalisés (21%) que les sujets voyants (9%). Ils sont plus gênés dans la vie quotidienne (41 % contre 33 %) et leur score mental est moins élevé.

L'enquête de Marseille révèle que, parmi les personnes atteintes de cécité, 59,3 % ne se déplacent pas seules, 18 % ne s'habillent pas seules, 18 % ne peuvent pas manger seules et 17,2 % ne peuvent pas faire leur toilette seules. Néanmoins, aucune corrélation n'a été réalisée avec l'âge ou la présence de handicaps associés.

L'étude ophtalmologique complète, associée aux évaluations subjective et objective des actes de la vie quotidienne, de la cohorte EPESE permet de conclure qu'une acuité visuelle inférieure à 1/10 divise par trois la mobilité et par plus de quatre les activités de la vie journalière [Salive].

Chez les personnes âgées, la conduite automobile est un " acte instrumental de la vie quotidienne ", à considérer comme un moyen de déplacement, de communication, de participation à la vie sociale et aux loisirs. Le suivi longitudinal sur 8 ans de 294 conducteurs âgés de 55 à 90 ans atteste que les 3 facteurs de risque majeurs d'accidents automobiles sont un trouble de la vision, un déficit de la cognition, et une réduction fonctionnelle du champ visuel. [Michel]

La capacité à réaliser correctement six différentes actions de la vie quotidienne (regarder la télévision, sortir à l'extérieur, lire les journaux, consulter un répertoire téléphonique, faire le ménage, pratiquer un loisir) requiert une acuité visuelle de loin de 0,4 à 0,5 (4 à 5/10) chez des personnes de plus de 80 ans [Bergman]. En dessous de 0,3 (3/10), les personnes ne sont capables de mener à bien que trois en moyenne des six activités étudiées.

Selon l'enquête PAQUID sur les personnes âgées, en dehors de l'âge, 3 facteurs sont associés à la dépendance : essoufflement, symptomatologie dépressive, score au MMS auquel s'ajoute la déficience visuelle, sauf pour les IADL. Chez les sujets initialement autonomes, l'entrée en confinement au bout d'un an est liée à l'âge, au déficit visuel ainsi qu'au score au MMS [Sauvel]. Parmi l'ensemble des facteurs étudiés, le déficit visuel constitue le facteur d'entrée en dépendance le plus élevé pour les activités instrumentales de la vie et la mobilité.

L'enquête de santé NHIS (National Health Interview Survey) mesure l'incapacité due aux maladies chroniques, et déficiences de la population américaine non institutionnalisée. En 1992, l'enquête a été réalisée par sondage à partir d'un échantillon de 49 401 ménages représentant 128 412 personnes. L'incapacité est définie par rapport aux activités principales habituellement associées à un groupe d'âge (par exemple travail, entretien de la maison, autonomie pour la vie quotidienne mesurée avec les échelles ADL et IADL). Selon les résultats de l'enquête 1992, la cécité et la malvoyance limitent l'activité principale de 1,3 millions de personnes aux Etats-Unis. Les causes principales de limitation varient avec l'âge.

Les problèmes visuels se manifestent à partir de 70 ans. Entre 70 et 84 ans, les troubles oculaires constituent la quatrième cause de limitation de l'activité principale (4,5 %), après les affections cardiaques (19,1 %), les problèmes d'arthrite (15,2 %) et le diabète (5,0 %). A partir de 85 ans, les atteintes cardiaques et articulaires prédominent (respectivement 16,3 % et 13,8 %), mais les affections visuelles représentent la troisième cause (7,3 % pour les

désordres oculaires) et 6,1 % pour les déficiences. Les troubles oculaires constituent la troisième cause de limitation des activités journalières (ADL et IADL) à partir de 70 ans (5,6 %) après les troubles cardiaques (17,5 %) et articulaires (13,1 %), mais avant les atteintes vasculaires cérébrales (5,2 %) et le diabète (4,7 %) [La Plante]. Environ 527 000 personnes aux Etats-Unis utilisent des aides techniques en raison d'une déficience visuelle, dont la moitié un système télescopique et 130 000 une canne blanche selon l'enquête NHIS-D [National Center for health statistics, CDC, site Web : http://www.cdc.gov/nchs/about/major/nhis/hisdesc.htm ].

 

La déficience visuelle altère la qualité de vie

Plusieurs études récentes attestent de l'impact du déficit visuel sur la qualité de vie des personnes âgées [Michel]. Les malvoyants âgés présentent un taux de dépression plus élevé que les non-déficients visuels. La déficience visuelle liée à la rétinopathie diabétique influe sur la fréquence des syndromes psychosociaux et les troubles de l'émotivité. Enfin, la mortalité est plus importante chez les déficients visuels de 70 à 75 ans non corrigés. 

 

Modifié d'après des textes de

Quelques données sur la démographie française

 

Modifié d'après des textes de

Epidémiologie des maladies pourvoyeuses de malvoyance et de cécité chez l'enfant

 

 

Modifié d'après des textes de Mlle SANDER M-S.

Epidémiologie des maladies pourvoyeuses de malvoyance et de cécité chez la personne de plus de 60 ans

La dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA), la cataracte sénile, le glaucome et les pathologies rétiniennes sont les causes les plus fréquentes de cécité. Néanmoins, l'importance relative de ces pathologies varie selon les études.

Dans l'ensemble des registres, la DMLA est la principale cause de cécité, tous âges confondus. Sa fréquence varie de moins de 20 % à plus de 70 % selon que l'on considère l'ensemble des personnes ou seulement les sujets âgés. Après la DMLA, les autres causes les plus fréquentes sont la rétinopathie diabétique (entre 7 et 17 %) et le glaucome (entre 5 et 16 %).

La DMLA est actuellement la principale cause d'inscription au registre de cécité légale en Allemagne. Pour Krumpaszky qui a analysé le registre de Wurtemberg en Allemagne, les principales causes de cécité légale (OMS IV) sont la DMLA (incidence annuelle 3,92/100 000), la rétinopathie diabétique (2,01/100 000), le glaucome (1,6/100 000), la myopie forte (0,77/100 000), l'atrophie optique (0,68/100 000), les cécités centrales (0,56/100 000) et les dégénérescences tapéto-rétiniennes (0,52/100 000). La DMLA représente 28 % de l'incidence annuelle de cécité légale en Bavière [Krumpaszky].

Au Danemark en 1992, où 92 % des nouveaux patients inscrits au registre de cécité durant l'année ont plus de 60 ans, la DMLA est la principale cause d'inscription (71,4 %) devant la rétinopathie diabétique (8,4 %) et le glaucome (5 %) [Rosenberg]. Chez les sujets plus jeunes 20-59 ans, la rétinopathie diabétique représente 36 % de l'incidence annuelle et la neuropathie optique 26 %. Durant les 30 dernières années, le nombre d'inscrits a doublé, tandis que la part de la DMLA est passée de 20 à 70 %.

En Irlande, le critère d'inscription sur le registre de cécité correspond à une acuité visuelle inférieure ou égale à 0,1 (1/10) ou à un champ visuel réduit à 20 degrés. Il englobe la classe II de l'OMS et prend en compte certains patients de la classe I. Les principales causes de cécité sont la DMLA (16 %) et le glaucome (16 %). Plus de la moitié des patients sont âgés de plus de 55 ans. La troisième cause est la cataracte (11 %), souvent compliquée, et la prévalence de la rétinopathie diabétique est faible (3 %) [Munier].

La prédominance de la DMLA est confirmée par les enquêtes de prévalence. Ici encore, l'âge est un facteur prépondérant. Dans l'enquête de Marseille, elle ne représente que 3,5 % des cas, derrière la cataracte (13 %), la myopie, les traumatismes et le glaucome. Mais elle représente plus de 50 % des cas dans plusieurs enquêtes à partir de 50 ans. Le poids de la DMLA augmente nettement à partir de 75 ans. Parmi les autres causes, la cataracte (entre 10 et 20 %), puis le glaucome ainsi que la rétinopathie diabétique sont les causes les plus fréquemment décrites.

L'étude de Rotterdam montre que la DMLA est la première cause de cécité (58 % des cas) tous âges confondus. Le glaucome et la cataracte sont respectivement les seconde et troisième cause de cécité. Néanmoins, une analyse plus fine en fonction de l'âge montre que les pathologies inductrices de cécité varient en fonction de l'âge. Avant 75 ans, la cause principale est la neuropathie optique (28 %), les pathologies rétiniennes myopiques et hérédo-dégénératives (14 % chacune) ainsi que le glaucome (14 %). A partir de 75 ans, la DMLA est principalement incriminée. Son poids augmente en fonction de l'âge, puisqu'elle représente 56 % des cas dans la tranche 75-84 et 78 % à partir de 85 ans.

L'enquête nationale sur les basses visions en France confirme la prédominance de la DMLA (32 %) devant la cataracte et le glaucome. Dans l'étude de Beaver Dam, la DMLA est encore la pathologie la plus fréquente (57 % des cas) devant la rétinopathie diabétique.

Dans l'enquête de Baltimore en revanche, la principale cause de cécité est la cataracte (30 % des cas) devant les atteintes cornéennes (14 %), la DMLA (12 %) et le glaucome (10 %).

Les pathologies pourvoyeuses de malvoyance sont les mêmes, mais leur importance relative varie. Ainsi dans l'enquête de Rotterdam, la cataracte, seule ou associée à d'autres affections, est responsable de plus de la moitié des cas (54 %), tandis que la DMLA est la seconde cause avec 25 % des cas. Dans l'enquête française sur les basses visions, la cataracte est également la première cause de malvoyance devant la DMLA et la myopie.

L'enquête nationale de santé menée en 1983 en Italie montre que le pourcentage de diabétiques chez les non-voyants (15,6%) est quatre fois plus élevé que chez les voyants (3,80 %). Le diabète est un des plus importants facteurs de risque de cécité : 2,12 % des diabétiques sont non-voyants contre 0,38 % des non-diabétiques. L'étude de Rotterdam n'objective pas cette différence (le pourcentage de diabétiques est égal à 12 % chez les aveugles et 11 % chez les sujets voyants).

 

Tableau : Importance des pathologies pourvoyeuses de malvoyance ou de cécité dans les enquêtes et les registres

 

Pays

 

Année

 

Source

Type

 

OMS

 

Age

 

Pathologies

Allemagne (Hesse)

1996

 Graf 1999

R

IV

Moy 78 ans

 DMLA 35,3 % &emdash; Rétinopathie diabétique 15,0 % &emdash; Glaucome 12,6 % &emdash; Dégénérescences tapéto-rétiniennes 6,9 % &emdash; Atrophie optique 6,1 % &emdash; Myopie 5 %

 Allemagne (Hesse)

 1996

 Graf 1999

R

 III

Moy 78 ans

 DMLA 49,5 % &emdash; Rétinopathie diabétique 17,0 % &emdash; Glaucome 7,8 % &emdash; Myopie 6,5 % - Atrophie optique 4,3 % - Dégénérescences tapéto-rétiniennes 1,7 %

 Irlande

 

 Munier 1998

R

 I

 Min >16

 DMLA 16 % &emdash; Glaucome 16 % &emdash; Cataracte 11 % &emdash; Rétinopathie diabétique 3 %

 Danemark

 1993

 Rosenberg 1996

R

 I

 92% > 60 ans

 DMLA 71,4 % &emdash; Rétinopathie diabétique 8,4 % -Glaucome 5 %

Allemagne (Bavière)

Krumpaszky 1992

R

IV

DMLA 15,4 % - Glaucome 14,3 % - Dégénérescences tapéto-rétiniennes 10,3 % - Myopie 11 % - Atrophie optique 8 % - Rétinopathie pigmentaire 7,1 %

 Rotterdam

 1990-1993

 Klaver 1998

S

 III

 >57 ans

DMLA 58 % - Causes rares 9 % - Glaucome 8 % - Cataracte 6 % - Myopie 6 % - Neuropathie optique 6 % - Rétinopathie pigmentaire 3 %

 Rotterdam

 1990-1993

 Klaver 1998

S

 I

 > 57 ans

 Cataracte 47 % - DMLA 25 % - Myopie 6 % - causes rares 6 % - Glaucome 2 % - Cornée 2 % Rétinopathie diabétique 1 %

Baltimore

1988-1989

Tielsch 1995

S

II

> 40 ans

Cataracte 30 % - Atteintes cornéennes 12 % - DMLA 12 % - Glaucome 10 %

 Beaver Dam

 1988-90

 Klein 1991

S

 II

 > 43 ans

 DMLA 57 % - Rétinopathie diabétique 9 %

 France IPSEN

1995

 Mergier 1996

S

I

tous

Cataracte 37 % - DMLA 15 % - Myopie 13 % - Glaucome 10 %

 France IPSEN

 1995

 Mergier 1996

S

 II

 tous

DMLA 31,9 % - Cataracte 26,5 % - Glaucome 23,9 %

 Marseille

 1986

 Queguiner

S

 III

 -

Cataracte 13,5 % - Myopie 11,7 % - Traumatismes oculaires 11,7 % - Glaucome 11 % - Rétinopathie diabétique 10,9 %

Type R = registre, S = enquête santé

 

   

 

L'évolution de la demande de soins dans le domaine de la vision entre 2000 et 2020

Augmentation et vieillissement de la population contribuent à accroître la demande de soins ophtalmologiques.

http://www.sante.gouv.fr/drees/etude-resultat/er-pdf/er083.pdf

Ces évolutions sont à mettre en regard d'un potentiel d'accroissement du nombre de personnes qui pourraient théoriquement être touchées par des troubles de la vue au cours des prochaines années. Compte tenu de la croissance de la population prévue d'ici l'an 2020, la densité, projetée à nombre d'entrées constantes dans la profession, serait de 4,6 ophtalmologues pour 100 000 habitants en 2020, contre 9 actuellement.

De plus, la population française en 2020 sera plus âgée, donc a priori plus sujette à des troubles de la vue qu'aujourd'hui. Ainsi, selon l'enquête Santé et protection sociale du CREDES, 50 % des personnes interrogées déclaraient en 1998 avoir des problèmes de la réfraction (myopie, presbytie, astigmatisme, hypermétropie) ou d'autres maladies ophtalmologiques (cataracte, glaucome, etc.)

Ces troubles sont ressentis par près de 40 % des 16-39 ans, 70 % des 40- 64 ans et presque 90 % des personnes de plus de 65 ans. Cependant, cette estimation ne reflète que l'opinion des personnes enquêtées sur leurs propres problèmes, et ne provient pas d'un bilan médical qui pourrait mesurer plus précisément les besoins de soins ophtalmologiques de la population. Compte tenu du seul vieillissement de la population, le nombre de personnes se sentant affectées serait mécaniquement estimé à 55 % en 2020. Au total, en se fondant sur la seule composante des besoinsliée aux évolutions démographiques de la population, les troubles de la vue ainsi exprimés augmenteraient mécaniquement de 15 % à comportements constants à l'horizon 2020.

Il faut toutefois préciser que bien d'autres facteurs peuvent entrer en jeu dans l'appréciation des besoins futurs, tels que l'évolution de la propension à se soigner, le développement de la prévention, les modifications du mode de vie, des conditions de travail ou celles des techniques de soins.

QUELQUES LIENS

 

Quelques données épidémiologiques de l'INSEE : insee1.pdf

 

Un rapport de l'ANAES publié 2002 sur la DMLA

 

 

  BIBLIOGRAPHIE

 

 

 

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