29e MISSION MÉDICO-HUMANITAIRE « VOIR LA VIE » en GUINÉE

CMC LES FLAMBOYANTS (SIMBAYA) - HOPITAL DE KINDIA

LABE - HOPITAL DE BOKE

 29 OCTOBRE AU 19 NOVEMBRE  2008

Rapport du Docteur René Fritsch (Grenoble)

Départ mercredi 29 octobre 2008 à 6.20 heures à l’aéroport de Marseille-Marignane pour Bruxelles avec SN Brussels Airlines. Départ de Bruxelles à 11.30 heures, escale à Dakar, arrivée à l’aéroport de Conakry à 18.00 heures. Comme d’habitude Nadine Bari et Fodé Keita sont là pour m’accueillir.

Les formalités de douane (seulement 2 sacs de voyage, il n’y avait pas de cartons) sont faites rapidement et sans complications. La chef des douanes réclame toujours son Phylarm !  (Ne pas oublier d’en préparer un petit paquet à part).

CMC Les Flamboyants 30/31 octobre 2008

Jeudi 30 octobre

Inventaire des cartons entreposés chez Nadine et destinés en principe à Kindia : il y a plus de 120 visqueux et de 100 couteaux dont j’en retire la moitié pour le CMC ainsi que quelques dizaines de flacons de Timabak et quelques-uns de Mydriaticum.

Journée passée au CMC :  Dr Sow est maintenant en charge du service et semble avoir pris les choses bien en main, même s’il a toujours le verbe haut et est très satisfait de ce qu’il fait !

Il est très fier de me montrer une quinzaine de patients qu’il a opérés de cataracte qui sont bien sauf 2 (vitré) même si les sutures cornéennes sont fortement à améliorer (beaucoup trop larges et trop serrées).

Etat du matériel :

Il y a eu un net effort de rangement et de nettoyage : la salle de consultation a été débarrassée  d’un tas de cartons qui l’encombraient et de quelques armoires rouillées remplies de vieilles reliques inutiles.

Par contre, l’état d’entretien du matériel laisse toujours fort à désirer : lampe à fente et Javal ne sont pas correctement nettoyés et sont couverts de poussière. Le rhéostat de la LAF ne marche plus et l’éclairage est trop peu lumineux. L’appuie-front et le capot de l’ampoule sont cassés : j’ai réparé l’appuie-front, mais il est maintenant trop court (à échanger avec celui de Kindia qui est trop long).

Le javal fonctionne, mais est dans un état déplorable (rouille et molettes cassées). Je l’ai remplacé par un autre pratiquement neuf qui était destiné à Boké.

La table tournante Gambs supportait une vieille LAF Gambs complètement  rouillée et inutilisable (je la vois là depuis des années) que j’ai fait jeter : elle pourrait être avantageusement remplacée par une autre à récupérer.

Le climatiseur et les ventilateurs de la salle de consultation ne fonctionnent plus, le Split de la salle d’op est en panne également.

L’ensemble des locaux aurait  besoin d’un bon coup de pinceau, dans un ton clair, pour donner une meilleure impression de fraîcheur et propreté.

Pas possible de se laver les mains en dehors de la salle d’op ! Pas d’eau, ni en salle de stérilisation, ni en salle de consultation.

 J’ai assisté (de loin) aux interventions de Sow. Il a opéré une dizaine de cataractes dans la journée, non-stop de 10.00 h à 17.00 h. La technique m’a paru assez sommaire, mais le résultat est correct (nonobstant les sutures déjà mentionnées, confirmé par une discussion que j’ai eue avec PL Lamah). Pas de sarrau, pas de clim non plus ! Instruments stérilisés à la chlorhexidine. Sur les 4 boîtes apportées par Nicolas, 2 seulement sont en service.  Pourquoi ? Le reste des instruments est en vrac. Pas de ciseaux à cornée type Katzin ou Castroviejo.

Déjeuner à 15.00 h avec le personnel du CMC (mon repas a été fourni par la directrice du CMC).

Quelques consultations l’après-midi et inventaire du matériel : il n’y a pratiquement plus de consommables et plus aucun collyre. Reste juste quelques implants achetés au Desso.

 

Vendredi 31 octobre

Départ pour le CMC à 8.30 h. Achevé le montage du Javal  et contrôle du nouveau groupe et du branchement direct de celui-ci avec les locaux oph du CMC.

Avec Sow, direction chez Fodé pour inventaire et répartition des cartons arrivés par le conteneur en avril et qui sont entreposés chez lui depuis cette époque : moitié Kindia, moitié CMC : Sow embarque ce qui est destiné au CMC, chargement de l’Express avec la partie destinée à Kindia.

On complète le chargement de l’Express avec les cartons entreposés chez Nadine et les affaires personnelles, ce qui fait que la fourgonnette est remplie au maximum possible.

Départ pour Kindia à 14.00 heures et arrivée à 16.00 heures après un arrêt à Friguiagbé pour faire provision de fruits.

On retrouve Sangaré à l’hôpital : déchargement et inventaire du matériel. Les Kits Aurolab apportés par Fodé quelque temps auparavant sont bien là mais PAS LES IMPLANTS. Téléphone à Fodé, Nadine et Nicolas pour essayer de savoir où ils sont passés (finalement on apprendra qu’ils ont bel et bien été oubliés chez le transitaire et je les récupérerai dans le courrant de la semaine à venir)

Kindia  1/7 novembre 2008

Samedi 1er novembre

Hôpital à 8.30 heures. L’équipe guinéenne est la même que l’an dernier et composée de : Sangaré Bassy, infirmier TSO, Dalanda Diallo, infirmière, Sény Lama, aide-soignante, Marie, aide-soignante, Fatoumata Barry, femme de ménage.

Matinée passée à déballer, inventorier, ranger les cartons, les consommables et les collyres.  Les implants fournis par le DESSO me paraissent d’un diamètre un peu trop juste (Ø 12,5 mm) pour une implantation dans le sulcus.

Déballés aussi les colis du CHMP destinés à la consultation foraine et arrivés après le déroulement de celle-ci : ils renferment une énorme quantité de Timolol (mais du 0,25% seulement) et de pommade terramycine dont une partie sera plus utile au CMC.

En salle d’op, le Split (qui est neuf) ne fonctionne plus, mais heureusement il reste la vielle clim qui fonctionne encore, mais avec quel bruit !!

Par contre il y a maintenant de l’eau aux robinets des lavabos et l’on n’est plus obligé d’utiliser le bidon fixé au mur pour le lavage des mains ( mais il n’y a ni savonnette, ni essuie-main).

En salle de consultation, l’échelle lumineuse d’acuité ne fonctionne plus : les fils ont été mangés par les rats !!

Le Javal est toujours inutilisable avec impossibilité d’attraper les mires (je le démonterai et le ramènerai à Marseille, car je ne m’explique pas pourquoi il est impossible d’y voir quelque chose alors que tout paraît correct).

La lampe à fente fonctionne correctement mais avec un jeu considérable dans le bras oscillant et dans l’appuie-tête ce qui en rend l’utilisation extrêmement pénible. Le problème du faux-contact a été résolu en tirant un fil directement du socle à la lampe.

Par contre, le biomètre marche parfaitement (mais sans kératométrie, on fera les calculs d’implant avec une kératométrie standard (44 D))

En fin de matinée, 15 consultations dont plusieurs opérés de l’an dernier (par Julien Combes) dont une capture irienne de l’implant dont la ½ de l’optique est en CA.

Fin de la consultation à 15.00 heures.

Dimanche 2 novembre

Pas de pique-nique aujourd’hui, à Kilissi : Farafina est décédé à Dakar, il y a quelques mois d’un cancer du foie.

Hôpital 9.00 heures : répartition et confection des boîtes de chirurgie : il y a de quoi faire 5 boîtes à cataracte complètes (possibilité d’en faire même davantage si on avait les contenants adéquats) et il reste une énorme quantité de pinces et instruments de toutes sortes.

Changé l’interrupteur du bloc qui ne fonctionnait plus. Changées aussi les ampoules du plafond qui étaient toutes grillées car elles restaient allumées en permanence à cause de la panne de l’interrupteur !

Le Poupinel est plein de crasse et tout déglingué: j’ai dû passer une bonne heure à essayer de le décrasser et à remettre en place toutes les vis qui fichaient le camp. Apparemment, il n’a pas de minuterie ni de thermomètre de contrôle.

Retrouvée la LAF HS 900 jetée en vrac sous un plan de travail de la stérilisation pêle-mêle avec tout un tas de vieux matériels au milieu des crottes de rats, de la poussière et de l’humidité. Parmi ces matériels, 2 frontofocomètres, 2 javals, un phoroptère, une lampe à skiascopie, les restes du Statim, de vielles pendules, des globes électriques et... un projecteur de test Idemvisus en bon état qui remplacera avantageusement (après nettoyage) l’échelle lumineuse défaillante de la consultation.

Achetés à la pharmacie de l’hôpital, 10 implants IOL +21 D Ø 12,5 (300.000 Fg) et 10 Ringer Lactate (60.000 FG).

Lundi 3 novembre

Arrivé à l’hôpital à 8.30 heures, j’apprends qu’il n’y a pas de gazole pour le groupe ! Sangaré part avec le chauffeur et l’Express pour en chercher : début de la consultation à 9.30 heures quand le groupe est enfin en marche !

Consultation d’une quinzaine de personnes et biométrie des 8 opérés du jour.

Début de la séance opératoire à 11.30 heures.

Au milieu de le seconde intervention, au moment de poser l’implant, la lumière s’éteint !  Il paraît que c’est le « maintenancier » qui avait cru qu’il fallait arrêter le groupe !!! Un bon ¼ d’heure de pause au milieu de l’intervention, le temps de récupérer le dit-maintenancier et de remettre le groupe en marche. Coup de gueule de ma part qui menace d’arrêter la mission si pareil fait se reproduit. Et cela se reproduit … au milieu de l’intervention suivante !!!  Et il me sera impossible de connaître la raison de cette nouvelle coupure, malgré une très forte insistance de ma part.

Finalement le programme se poursuit, sauf qu’au 4e patient, à ma demande de mettre de la pilocarpine dans l’œil opéré, Sangaré m’y verse du nitrate d’argent (qu’il est parti chercher Dieu sait où, alors que la pilo était toute prête à côté). Heureusement qu’il ne restait plus que la suture à faire car la cornée est devenue instantanément complètement opaque !

Pas de repas à midi,   fin de la séance à 18.30 heures

En contrôlant le cahier de bloc avant de partir, je m’aperçois qu’il n’y a aucune étiquette d’implant collée ni sur le cahier, ni sur le dossier : la nouvelle « infirmière » de bloc a tout simplement tout jeté, les boîtes et les étiquettes, et de plus les CR opératoires sont particulièrement mal faits… J’avais omis de contrôler cela en cours de séance, faisant confiance à Sangaré (depuis le temps …).

 

Rumeurs de manifestations à Conakry pour protester contre une baisse jugée insuffisante du prix de l’essence.

Mardi 4 novembre

Ce matin brouillard. Arrivée à l’hôpital à 8.00 heures.

Pansement des 8 opérés de la veille. Tous vont très bien (même celui au nitrate d’argent dont l’œil est juste bien rouge). Examen et biométrie des 8 opérés du jour.

Consultations (20) jusqu’à midi.

Huit cataractes (SP) l’après-midi, jusqu’à 19.00 heures (dont une cataracte congénitale totale chez un garçon de 14 ans)

Retour hôtel 19.30 heures. Pas d’électricité. Je suis le seul client !

Coup de téléphone de Fodé qui a récupéré les implants et voulait me les faire porter, mais les émeutes à Conakry empêchent de circuler.

Mercredi 5 novembre

8.30 heures hôpital : de nouveau pas de gazole dans le groupe ! A mon arrivée, Sangaré part avec le chauffeur à la quête de gazole alors qu’il y a des files impressionnantes de voitures qui font la queue aux stations où il n’y a d’ailleurs pas d’essence à cause des événements de Conakry. Mais il paraît qu’on en trouve au marché noir à 7.000 FG (au lieu de 5.500 FG prix officiel).

Après plus d'une heure d’attente, le groupe est enfin en marche : pansement et contrôle des opérés de la veille, examen et biométrie des opérés du jour (7 cataractes et un ptérygion pour le frère du DG).

Consultation jusqu’à 13.00 heures. Vu les deux petites Tolno opérées de cataracte congénitale à Marseille il y a quelques années : résultat fonctionnel médiocre, incapacité de suivre une scolarité normale, envisager un placement en milieu spécialisé.

A 13.30 heures, début de la séance opératoire :

-ajournement de la première intervention prévue (fillette de 10 ans qui se met à pleurer et à se débattre sur la table)

- ajournement de la 2e opération (garçon de 14 ans, autorisation du papa non obtenue)

- issue de vitré pour la suivante

- coupure du courrant à la 3e opération à cause d’un court-circuit provoqué par un «électricien» qui bricolait un branchement dans un local du pavillon oph. Il a fallu attendre plus d’une ½ heure avant de trouver l’origine du court-circuit et que le courrant soit rétabli !

- au beau milieu de la 4e intervention, brutale surtension qui fait griller le microscope et oblige à terminer à la lampe de poche ! Refus de me communiquer qui ou quoi est à l’origine de cet accident.

Devant une telle incurie et une telle inertie, je décide de rentrer sur le champ à Conakry. Par (mal)chance (!) le chauffeur  a disparu et je suis coincé à l’attendre. Intervention du Directeur (d’autant plus que son frère fait partie de ceux qui restent sur le carreau !). Après moult engueulades des « responsables » et promesses de mettre bon ordre, je consens à terminer le ptérygion du frère du DG, après avoir remis tant bien que mal le micro en route, en ayant changé l’ampoule et les fusibles. Mais il s’éteint par intermittente et la pédale du focus ne fonctionne plus.

Jeudi 6 novembre

En arrivant à l’hôpital à 8.30 heures, le groupe est en marche et les opérés de la veille prêts à être examinés !

Consultations jusqu’à 13.00 heures. Déjeuner d’un sandwich et d’un coca.

Huit opérations sont prévues l’après-midi, mais seulement 5 se présentent : 4 cataractes (dont une cataracte traumatique chez un garçon de 14 ans) et une reprise d’un opéré de l’an dernier (déformation pupillaire par bride de vitré).

Vendredi 7 novembre

8.30 hôpital : pansement des opérés de la veille : la cataracte traumatique de 14 ans est parfaite. Les autres opérés aussi.

Consultation jusqu’à 11.30 heures. Déjeuner d’un sandwich et d’un coca.

Seulement 3 opérations prévues pour l’après-midi, mais le micro refuse de s’allumer ! Après bricolage laborieux (fusibles ?) il remarche enfin, mais au milieu de la 2e cataracte, il s’éteint définitivement. Fin de l’intervention (pose de l’implant et suture) à la lampe de poche ! Le ptérygion est remis à plus tard.

Fin de la journée à 14.30 heures. Je décide de renter immédiatement à Conakry car il n’y a rien à faire à l’hôpital le samedi.

Dîner avec Nadine au « Wafou » 

Conakry - Labé - Boké  8 / 12  novembre

Samedi 8 novembre

Jour de repos à Kipé. Préparer les comptes des dépenses prévisibles pour la virée à Labé et Boké.

Grasse matinée (lever 8.00 heures !) mais la chaleur est étouffante en comparaison de Kindia. Heureusement il y a eu de courant toute la nuit ce qui a permis de faire marcher le ventilateur et rendre la chaleur supportable.

Nadine est occupée dehors toute la matinée. Diallo arrive à 9.30 heures, à point pour apporter les roues à réparer (la roue de secours est elle aussi à plat). Je le renvoie chez lui jusqu’à mardi après lui avoir payé sa première semaine

Dimanche 9 novembre

Départ 9.00 heures de Conakry pour Mamou et Labé avec le pick-up Nissan de Fodé, plus le chauffeur, plus un jeune « mécano ».

Arrivée à Mamou à 14.00 heures. Rencontre de Cécile et Ludovic Fournier, visite de l’atelier de réparation de machines à coudre de Guinée Solidarité (on avait une bouteille de gaz à leur remettre).

Déjeuner à l’hôtel-restaurant Barry. Reprise de la route pour Labé où l’on arrive pour 18.30 heures à l’hôtel Safatou.

Rencontré André Goépogui (Coordinateur PNLOC), Fanfodé Kondé (Chef des projets Sightsavers pour la Guinée) et Elie Kamaté (Directeur National de SSI Mali et Guinée).

Discuté avec Goépogui de l’opportunité de faire opérer Sangaré.

Lundi 10 novembre

Réunion Sightsavers prévue à 9.00 heures dans la salle de conférence de l’hôtel.  Début des travaux à 11.00 heures après les retards, les présentations et les discours de bienvenue d’usage.

Deux exposés intéressants de Mme le Dr Goma (Directrice Nationale de la Santé Publique) sur la situation sanitaire en Guinée et du Dr André Goépogui sur l’épidémiologie des affections oculaires en Guinée et la présentation du plan Vision 2020 du PNLOC. Ainsi on apprend que pour 9 millions d’habitants, la Guinée compte 300.000 malvoyants et 90.000 aveugles (soit 1% de la population) dont la moitié par cataracte. Le trachome est la 2e cause de cécité (2 millions de personnes à traiter, plus de 30% de la population touchée). Avant 2002, il y avait 10 ophtalmologistes en Guinée, ils seront 15 en 2008, alors qu’il en faudrait 38 selon les normes OMS.

Miss Eleanor (représentante SSI Angleterre) expose la vision, la mission et les valeurs de Sightsavers  International ainsi que le plan stratégique 2009-2013 de SSI.

En plus des personnalités déjà citées, j’ai noté la présence, entre autres, de

Mme Bintou Touré, Assistante administrative de SSI à Conakry (Bureau au DESSO)

Dr Mamadou Diouré Barry, DRS Boké

Dr Kunkara, DRS Kindia,

Dr Diallo, Directeur Général HR Faranah (ancien de Kankan),

Dr Ahmed Tidiane Barry, Directeur Général HR Boké,

Dr Amadou Sylla, Directeur du CRO de Labé

Bilibogui Golé, infirmier TSO à Boké.

L’après-midi est consacrée à des ateliers visant à définir les priorités des actions selon les participants et évaluer leur perception de l’action et de la mission de SSI.

En fin d’après-midi, avec le Dr Amadou Sylla, nous allons visiter le Centre Régional d’Ophtalmologie de Labé. Nous sommes particulièrement intéressés par la visite de l’unité de production locale de collyres et l’atelier de fabrication de lunettes.

La production de collyres paraît se faire dans des conditions répondant à des normes standard, mais leur gamme est encore restreinte. En particulier, il n’y a aucun antiglaucomateux. Les collyres fabriqués sont : Gentamycine, Chloramphénicol, Prednisolone, Cromoptic, Sulfate de zinc, Tétracaïne, Fluorescéine Les prix vont de 20.000 FG (Cromoptic) à 15.000 FG (Prednisolone) et 10.000 FG pour les autres, et la capacité de production est capable, selon eux, de répondre aux besoins de toute la Guinée. Donc il paraît tout à fait possible d’y approvisionner nos centres.

Nous n’avons pas pu visiter l’atelier de lunettes qui était fermé à cause de l’heure tardive : les lunettes sont vendues 30.000 FG, mais seulement en corrections sphériques : ils ne sont pas équipés pour corriger les astigmatismes.

Mardi 11 novembre

Lever 6.30 heures pour un départ à 8.30 heures : la piste Labé-Gaoual est très mauvaise, d’énormes fondrières à la sortie de Labé. Arrêt déjeuner à Kounsitel, 175 km depuis Labé, (embranchement de la route du Sénégal), à 17 km avant Gaoual. Arrêt à Gaoual à 16.30 heures pour faire le plein… d’huile. A 18.00 heures, on arrive à Koumbia : il fait presque nuit et il reste 150 km jusqu’à Boké. Nous avons fait 220 km en 9.30 heures (23 km/h de moyenne).

On décide donc de faire étape à Koumbia au Motel Le Perroquet : pas d’électricité, douche avec un seau, dîner « en ville » chez Binta Bah où Fodé rencontre un collègue à lui, véto à Koumbia.

Mercredi 12 novembre

Départ de nuit à 5.30 heures de Koumbia. Petit-déjeuner à Wendou M’Bour, chez l’habitant. Arrivée à Boké à 12.00 heures. Reçus par le DGA Dr Soumah. On commence par faire le tour des matériels apportés par Fodé il y a quelques mois :

-dans un magasin : 1 table pour LAF HS 900, 2 cantines (fermées au cadenas dont nous n’avons pas les clés), 1 siège électrique.

-dans l’entrée du service de radiologie : 2 brancards roulants, 1 table gynéco, 1 table à translation, 1 pied de microscope.

Ensuite visite des locaux rénovés par Sightsavers : la réhabilitation extérieure est parfaite (sauf une plaque de fibro cassée sur le devant du toit qui n’a pas été remplacée) avec la construction d’annexes en claustra sur la droite du bâtiment qui devront servir de salle d’attente et de salle de pré-examen. Par contre la construction du bâtiment qui devait servir à la consultation et à l’atelier de lunettes est reporté à plus tard… il devrait se situer en dessous et à gauche du bâtiment actuel.

Quand il faut voir l’intérieur, personne n’a la clé, contrairement à ce que nous avait dit Bilibogui. Finalement on rentre par une fenêtre !

L’état de finition à l’intérieur n’est pas très avancé alors que la remise des locaux étaient prévue pour le 8 novembre : il semble que la fin des travaux ne se fera pas avant le mois de février (de même que le complément de matériel qui a été commandé par SSI et dont Fanfodé devait m’envoyer le détail par email, ce qui n’a pas encore été fait à ce jour).

Plusieurs choses me paraissent à revoir, dont j’ai fait part au gestionnaire de l’hôpital et au chef de l’entreprise qui s’occupe des travaux.

Toute la partie « bloc opératoire » (salle d’opération, salle de stérilisation, salle d’anesthésie et bureau des médecins) doit être peinte ENTIEREMENT EN BLANC.

En plus, il manque :

- des paillasses et des plans de travail dans la salle d’op et la salle d’anesthésie

- une paillasse devant le « passe-plat » entre salle d’op et stérilisation

- des étagères (pour le rangement des consommables) dans la salle d’op

- un évier (en plus du lavabo pour le lavage des mains) dans la salle de stérilisation

- une clim (split) dans la salle d’anesthésie.

L’ensemble des chambres et du couloir est repeint dans une teinte beaucoup trop sombre et doit être refait dans un ton clair uniforme (voir les locaux du Desso à Conakry qui ont été financés par SSI) pour donner une meilleure impression de propreté et de fraîcheur.

En plus, il faut :

- nettoyer et polir les huisseries de portes et de fenêtres qui sont d’origine et qui n’ont pas été changées (crasse et débordements de peinture)

- nettoyer et repeindre l’intérieur des placards qui sont dans les chambres

- refaire des étagères dans ces placards

- changer la cuvette des WC complètement entartrée.

Après cette visite, nous sommes invités à manger au restaurant à côté de l’hôpital par le Directeur Adjoint. A la suite de quoi, nous reprenons la route pour rentre à Conakry.

 

Kindia 13-17 novembre

Jeudi 13 novembre

Départ pour Kindia à 7.30 heures, arrivée 10.00 heures

Consultations jusqu’à 13.00 heures.

Déjeuner sandwich-coca.

Salle d’op l’après-midi :

        - reprise de 2 hernies de l’iris de la semaine dernière

        - 4 cataractes

        - 1 ptérygion géant.

Retour au « Flamboyant » où j’ai rencontré M. Mamadou Bah Camara « Directeur National Adjoint des Etablissements Hospitaliers et de Soins » qui désire me rencontrer dans son bureau à Conakry avant mon départ !

Vendredi 14 novembre

Hôpital 8.30 heures : pansements des opérés de la veille, RAS sauf un œdème cornéen +++ sur un implant de CA.

Consultations et examens pré-op des 5 cataractes prévues l’après-midi.

Les 2 premières cataractes sont opérées par Sangaré : ça ne se passe pas trop mal : l’incision, la pose de l’implant, la suture sont quand même à revoir, mais le résultat est bien mieux que ce que je craignais ! Je crois qu’on peut lui laisser faire des cataractes blanches, mûres, car il ne sait pas utiliser la canule double-courant et donc le lavage des masses est très succinct.

Samedi 15 novembre

Consultation le matin.

Déjeuner à l’Escale de Kanya avec Sangaré et le personnel du Service.

Démontage du Javal pour le ramener à Marseille, ainsi que la pédale du microscope.

Inventaire.

Pris quelques consommables en trop grande quantité à Kindia pour les redonner au CMC.

Dimanche 16 novembre

Pique-nique à Kilissi avec Abdoulaye et Sangaré.

Invités à dîner chez Dalanda.

Lundi 17 novembre

Je suis à 8.30 heures à l’hôpital, mais j’attends jusqu’à 9.15 heures que le groupe soit mis en marche et que Sangaré réapparaisse !!

Petite consultation jusqu’à 11.30 heures.

2 cataractes et une discision l’après-midi.

Fin à 14.00 heures

Déjeuner d’un sandwich et départ pour Conakry.

Arrivée à Conakry à 18.00 heures. Dîner et nuit chez Nadine. Chaleur ++

Conakry 18-19 novembre

Mardi 18 novembre

8.30 heures CMC.

Consultation avec Sow jusqu’à 11.30 heures. Il me montre fièrement toutes ses cataractes opérées qui entraînent toutes la même remarque qu’en début de séjour (suture trop large et trop serrée).

Visite à la Directrice du CMC : apparemment il y a des problèmes relationnels entre elle et Sow. Elle lui reproche de ne pas être au courant des produits et des consommables que nous avons fournis au CMC. Elle a, paraît-il, le bras long et se fait fort de récupérer sans problème ce qui est sous douane ! A voir ! Fodé doit la prendre au mot avec les 200 kits Aurolab qui doivent arriver pour le CMC.

12.00 heures Hôpital Donka : visite du bloc ophtalmo et des locaux du Desso avec P-L Lama.

Les locaux du Desso sont superbes, construits à neuf par SSI. Un nouveau service d’ophtalmologie doit être construit à côté, toujours financé par SSI. Ils ont un stock d’implants vendus 25.000 FG.

Déjeuner, invité par Fodé avec sa nièce, au restaurant Indochine (où travaille une de ses filles).

16.00 heures : Ministère de la Santé où on a rendez-vous  avec Dr Condé, Directeur National des Etablissements Hospitaliers et de Soins et Dr Camara, DN Adjoint. Simple visite de courtoisie car les protocoles et avenants sont signés et à jour.

18.00 heures : invité par Dr Sow et son équipe au motel « Le Berceau » à un repas guinéen avec remise de cadeaux pour tout le monde ! Il est à remarquer que depuis 7 ans que je vais en Guinée, c’est la première fois que pareil évènement se produit et est à mettre au crédit du Dr Sow.

Mercredi 19 novembre

CMC à 9.00 heures. Petite matinée de consultations. Retour à Kipé à midi.

Déjeuner avec Nadine. Fait les bagages. Départ pour l’aéroport à 18.00 heures.

Interpellé à la montée de l’avion pour contrôle de mon sac qui leur paraît suspect (à cause du Javal à l’intérieur ?) Départ de Conakry à l’heure (20h15), escale à Dakar (21h30), arrivée Bruxelles (6h00) et Marseille à 11.30 heures le 20/11.


 

Commentaires

L’hôpital de Kindia

L’hôpital de Kindia a retrouvé l’eau courante, mais pas l’électricité. On  fonctionne quasi en permanence avec le groupe électrogène fourni par « Voir La Vie », sauf quelques fois en fin de journée où l’on est alimenté par le secteur. On est tributaire du bon vouloir du « maintenancier » pour pouvoir travailler et de l’approvisionnement en gazole qui est fourni par l’hôpital depuis que l’on laisse l’intégralité des recettes : deux matins j’ai dû patienter entre trois-quarts d’heure et une heure avant de pouvoir commencer à travailler et trois fois j’ai eu une coupure du groupe au beau milieu d’une opération et enfin j’ai eu une fois une surtension qui a endommagé le microscope !

Quand il est en fonctionnement, le groupe alimente parfois à notre insu certains bureaux, ce qui n’est pas sans conséquence sur la stabilité du voltage quand il faut faire marcher ensemble le microscope, la climatisation et le Poupinel.

La salle d’op est à peu près propre et le matériel correctement rangé.

Il y a de quoi faire au moins 5 boîtes à cataracte complètes avec des instruments en bon état.

Les kits Aurolab sont toujours aussi appréciables en simplifiant la gestion des consommables : il reste, après notre départ, des consommables pour faire au moins 60 opérations de cataracte

Le microscope est de très bonne qualité optique avec une très bonne luminosité et une bonne profondeur de champ (sauf qu’un des culots d’ampoule de rechange est cassé et que la pédale du focus ne marche plus).

Le local de consultation est bien aménagé et fonctionnel encore que la couleur des murs et le ciment du sol ne donnent pas une impression de propreté. La lampe à fente Takagi équipée d’un tonomètre à aplanation a été légèrement faussée et la fente n’est plus bien centrée mais on voit encore très bien dedans. Par contre le bras pivotant a pris un jeu important et il n’est plus possible d’immobiliser correctement l’appareil. Et cela est encore aggravé par le fait que l’appuie-tête est lui-même archi-branlant et je n’ai pas réussi à la bloquer.

Il y avait un faux-contact dans l’alimentation de la LAF et j’ai dû court-circuiter les contacts du bras pivotant en tirant un fil directement du transfo à l’appareil.

J’avais déjà noté l’an dernier que le Javal est inutilisable avec l’impossibilité de faire une mise au point sur les mires (je l’ai ramené à Marseille pour réparation).

Le biomètre (don du Docteur Saragoussi) marche parfaitement.

Il reste à fixer au mur le bras du réfracteur et la lampe à skiascopie de façon à avoir un poste de réfraction fonctionnel et bien équipé. Il faudra prévoir chevilles, vis, mèches et perceuse pour installer tout cela lors de la prochaine mission. Mais il reste le problème de la réfraction : le personnel n’est pas motivé et pas formé pour cela et de toute façon la fourniture de lunettes ne suit pas…

En ce qui concerne le personnel, Sangaré est très motivé et de très bonne volonté : il a une compétence certaine pour assurer une consultation courante et on a commencé à le former à l’opération de la cataracte. Il arrive à opérer sans trop de problèmes des cataractes « faciles »,  mais il est incapable de gérer les complications per-opératoires. A mon avis, c’est une erreur de vouloir en faire un opérateur de cataracte, d’autant plus d’autant plus qu’avec l’arrivée de jeunes chirurgiens comme Hawa ou la nomination prochaine (?) d’un ophtalmo en poste à Kindia, cela n’est plus vraiment une nécessité.

Dalanda s’occupe parfaitement bien du nettoyage des instruments et de leur stérilisation.

Sény, « l’infirmière de bloc » est enfin plus présente et efficace bien qu’elle ait encore la fâcheuse tendance à disparaître dès qu’on avait besoin d’elle (problème de vessie ?). Il faut cependant lui reconnaître qu’elle réussit très bien ses anesthésies locales.

La gestion des dossiers s’est aussi améliorée car il maintenant admis que  le patient garde son dossier avec lui et le ramène à chaque consultation. Bien sûr il y a des pertes et des oublis, mais la plupart du temps le patient a un dossier, ce qui était rarement le cas avec l’ancien système (le dossier était gardé à l’hôpital et classé  « par mois », ce qui occasionnait une perte de temps folle à le rechercher pour ne pas le retrouver le plus souvent).

Le CMC Les Flamboyants

Le CMC est autonome et devrait pouvoir fonctionner tout seul sous réserve de lui fournir des consommables que les recettes générées par l’activité (consultations et interventions) devraient permettre de réapprovisionner. Par contre un gros effort est à faire sur l’aspect et la propreté des locaux, sur l’entretien des équipements et sur le soin apporté au matériel. C’est vrai qu’un hôpital qui fonctionne sans eau et sans électricité… Un effort est à faire aussi sur la réfraction : les réfractions sont mal faites et pas fiables, le skiascope est inconnu et l’utilisation du Javal fantaisiste. Il y a donc impérieuse nécessité d’une formation dans ce domaine, éventuellement par un opticien (optométriste ?). Un réfractomètre automatique pourrait également apporter une certaine facilité en même temps qu’une certaine fiabilité. D’un point de vue économique et de santé publique, il est aussi important, sinon bien plus, de redonner une bonne vision à des amétropes encore jeunes que d’opérer des cataractes chez des vieillards.

Pendant l’intérim de Ramata, il semble que le Dr Sow ait bien pris les choses en main et ait bien motivé son personnel. Enfin il a eu un geste que je n’avais jamais vu depuis 7 ans et 11 fois que je vais à Conakry !

L’hôpital de Boké

Les travaux entrepris pas SightSavers sont bien avancés sous réserve des remarques et modifications dont j’ai parlé plus haut. Initialement tout devait être terminé pour le mois de novembre et maintenant on nous parle de février !


 

Conclusions

1/ Le choix des dates de mission :

Il faut impérativement éviter les périodes de fêtes religieuses musulmanes : Carême (Ramadan) et dans un moindre mesure Tabaski (Aït el Kébir)

2/ Au CMC Les Flamboyants

L’équipement technique se dégrade, le nouveau microscope est déjà tout rouillé. J’ai remplacé le Javal par un qui était destiné à Boké.

Un champ visuel automatisé fourni par SightSavers que j’avais découvert il y a 2 ans a disparu. Le Friedmann que j’ai apporté, il y a trois ans n’est toujours pas déballé et est resté dans son carton.

Il n’y a plus de biomètre. Une deuxième LAF pour remplacer la Gambs que j’ai fait mettre à la décharge ne serait pas inutile. On peut peut-être en récupérer une des deux qui étaient destinées à Boké. Il manque toujours des tabourets à roulettes réglables en hauteur pour les postes d’examen et la salle d’opération (il en faudrait au moins 4).

L’équipe guinéenne est autonome sur le plan chirurgical, et encore plus avec l’arrivée du Dr Sow. Il me paraît souhaitable qu’il n’y ait plus de missionnaire « blanc » qui vienne opérer car cela entraîne un détournement de la clientèle au détriment des locaux, les gens attendant la « venue du fodé» pour se faire opérer.

Par contre rien n’a évolué pour ce qui est de la réfraction, tant sur plan de l’équipement que sur celui de la formation. Il faudrait au moins un skiascope et un autoréfractomètre et une formation par un réfractionniste (orthoptiste, opticien ou optométriste). Il y a également un problème pour la fourniture des lunettes, une fois la réfraction faite.

Il y a toujours gros effort à faire sur la propreté, le nettoyage et l’entretien, tant des locaux (qui sont tristes et sales) que du matériel technique ou non (dont il n’est pas pris soin comme il faudrait). Pourtant il y a maintenant des housses en tissus comme je l’avais demandé, mais sont-elles utilisées régulièrement ?

Le CMC n’a toujours ni eau courante ni électricité. Un progrès cependant : un forage a été fait à proximité immédiate et on n’est plus obligé d’aller aussi loin pour chercher l’eau !

3/ A l’hôpital de Kindia

L’équipement technique est satisfaisant. Le microscope, le biomètre et la LAF sont parfaits. Mais il faut impérativement une nouvelle table élévatoire pour la LAF et un nouveau Javal. Il manque un ou deux tabourets à roulettes réglables en hauteur.

La compétence chirurgicale de Sangaré est discutable et j’ai beaucoup de crainte pour les opérations qui seraient faites entre les missions. Il se pose donc la question de l’opportunité de continuer à le former à la chirurgie d’autant que Hawa (dont la compétence chirurgicale est par contre indiscutable) est disposée à aller opérer régulièrement Kindia.

Comme au CMC, se pose le problème de la réfraction qui est complètement négligée. Mais là il y a un skiascope à fente (le générateur à fibre optique a disparu) et un réfracteur (à installer et à fixer au mur). Là encore il serait bien plus profitable d’équiper des gens actifs avec des lunettes adaptées que d’opérer des vieillards de cataracte même cécitante.

 

 

                                                                                               Docteur René Fritsch