26e MISSION MEDICO-HUMANITAIRE" VOIR LA VIE " en GUINEE

CMC LES FLAMBOYANTS (SIMBAYA) - HOPITAL DE KINDIA

 6 AU 20 NOVEMBRE  2007

Rapport médical du Docteur René Fritsch (Grenoble)

Rendez-vous mardi 6 novembre avec Julien Combes à l'aéroport de Marseille-Marignane pour un départ prévu à 6.20 heures avec SN Brussels Airlines. La franchise de fret de 46 kg par personne est bien dépassée, mais ne pose pas de problème. Nous retrouvons à Bruxelles Liliane Corazzin qui vient par un vol de Paris.

Après un vol sans histoire et une escale à Dakar (qui voit l'avion se vider aus 3/4 pour ne garder quasiment que des chinois et nous) arrivée à l'aéroport de Conakry à 18.30 heures. Comme d'habitude Nadine Bari et Fodé Keita sont là pour nous accueillir.

Les formalités de douane (9 cartons de 8 à 10 Kg + 4 sacs de 23 Kg) sont faites assez rapidement et sans complications particulières. La chef des douanes réclame toujours ses larmes artificielles ! (Ne pas oublier d'en préparer un petit paquet à part).

Installation et dîner chez Nadine.

CMC Les Flamboyants 7 / 8 novembre 2007

Mercredi 7 novembre 2007

Départ pour le CMC à 8.00 heures. Le personnel du CMC est là : les Docteurs Baldé et Barry, Mme Bangoura, Kaba, Sylla, Thierno et Cissé infirmier TSO.

DŽballage des cartons, inventaire et rangement du matŽriel. On apporte une cinquantaine de kits  cataracte Aurolab qui étaient entreposés chez Nadine et dataient le mission annulée en janvier dernier.

On s'aperçoit que la totalité du matériel expédié par le conteneur du 7 septembre 2007 se trouve entreposé au CMC, alors que la moitié était destinée à Kindia et on retrouve même sous une table 2 cantines métalliques destinées à l'hôpital de Boké ! Soit disant qu'il n'y avait pas d'inventaire pour la répartition des cartons lors du dépotage du conteneur.

Quoi qu'il en soit, heureusement que j'avais cet inventaire et que l'on s'est aperçu de la "méprise", ce qui a permis de récupérer les cartons pour Kindia (et les malles pour Boké) Autrement on serait arrivé là-bas sans aucun consommable et ni aucun médicament. Les quelques cartons envoyés à Kindia étaient ceux de Guinée Solidariprévu 10 interventions pour ce jour et autant pour les 3 jours suivants. Mais il ne sera pas du tout possible de réaliser ce programme : d'une part 10 interventions dans la demi-journée ce n'était pas réaliste, la matinée ayant déjà été entièrement consacrée à l'inventaire et au tri des cartons. Nous ferons donc 7 opérations dans l'après-midi en terminant à 20.30 heures, ralentis en plus du fait que les boîtes, en nombre insuffisant, très incomplètes et avec des instruments défectueux, nécessitent une re-stérilisation entre chaque opération ce qui fait perdre beaucoup de temps.

D'autre part, Nadine attend des administrateurs de Guinée Solidarité à partir de demain et ne peut donc plus nous loger. Aussi on décide de partir pour Kindia dès le lendemain, d'autant plus que les Drs Ramata et Barry sont tout à fait autonomes et comme nous leur laissons implants et consommables ils peuvent parfaitement assumer eux-mêmes ce programme.

Jeudi 8 novembre

Pansement des opérés de la veille au CMC . Quelques consultations et avis pour des malades de Ramata.

Départ pour Kindia à 11.00 heures après avoir chargés tous les cartons et les bagages dans la Renault Express, les passagers embarquant dans le 4x4 de Fodé Keita conduit par un de ses fils. On s'arrête à l'AMSO pour rencontrer le Dr Hawa Soumah qui s'est proposé pour opérer à Kindia et éventuellement plus tard à Boké entre les missions. Elle viendra nous rejoindre à Kindia le mercredi 14 novembre.

Arret pour le repas de midi chez Claude à Coyah. Arrivée à Kindia à 16.00 heures.

On retrouve Sangaré à l'hôpital pour la mise en route : déballage, installation, inventaire, rangement des médicaments et des consommables. Inventaire des instruments : il y a de quoi faire 4 boîtes à cataracte peu près complètes et en bon état.

Installation et diner à l'hotel Bungalow. Fodé, son fils et le chauffeur Abdoulaye sont logés à l'hôpital.

Kindia  9/ 17 novembre

Vendredi 9 novembre

L'équipe guinéenne est composée de : Sangaré Bassy, infirmier TSO, Dalanda Diallo, infirmière, Sény Lama, aide-soignante, Marie, aide-soignante, Fatoumata Barry, femme de ménage.

Examen et biométrie des opérés prévus pour aujourd'hui. Le Javal est inutilisable : impossible de faire une mise au point sur les mires. Par contre le biométre marche parfaitement. On fera les calculs d'implant avec une kératométrie standard (45 D). La lampe à fente est en mauvais état avec un jeu considérable et un faux-contact qui fait qu'elle s'éteint tout le temps. Ce dernier problème sera résolu en court-circuitant les contacts du bras oscillant, mais impossible de rattraper le jeu dans le bras et dans l'appuie-tête. <12 opérations ce jour (11 cataractes, 1 discision).

Le prix de la chambre au Bungalow (90.00 FG) paraissant prohibitif et non-nŽgociable, FodŽ a nŽgociŽ  les prix au Flamboyant (75.00 FG). Nous changeons d'hôtel. Fodé rentre à Conakry. Il reviendra le mercredi 14 novembre avec Hawa Soumah.

Samedi 10 novembre

Pansement des opérés de la veille, consultations, 11 cataractes.

Dimanche 11 novembre

Pansement des opérés de la veille. Petit tour de marché pour les achats en vue d'un pique-nique à Kilissi. Passé chez Farafina qui vient avec nous à Kilissi. Brochettes.

A 17.00 heures, thé chez Farafina, puis brève visite au "Voile de la Mariée".

Le soir on est invité à dîner chez Dalanda.

Lundi 12 octobre

12 cataractes sont opérées au cours de cette journée : 6 par Julien le matin pendant que je consulte et 6 par moi l'après-midi pendant que Julien consulte. La présence de Liliane au bloc apporte un confort et une efficacité très appréciables tout en permettant de corriger et de former le personnel local : pour l'anesthésie, le service au bloc, le nettoyage et la stérilisation des instruments.

Dîner "en ville" avant retour à l'hôtel Flamboyant.

Mardi 13 novembre

12 cataractes comme hier (6 + 6). Coup de téléphone consterné de Nadine : Ramata aurait embarqué tous les implants et les visqueux du CMC et le Dr Barry qui voulait opérer n'aurait plus rien trouvé !

Mercredi 14 novembre

A 10.00 ce matin, arrivée de Fodé et de Hawa Soumah. Elle se met aussitôt au bloc avec Julien et ils font 8 cataractes dans la matinée ! Sa technique d'incision sclérale tunellisée est rapide et efficace et aussitôt adoptée par Julien.

Le soir dîner au Flamboyant avec Fodé et Hawa.

Jeudi 15 novembre

A 8.00 heures, Fodé, son fils et moi, on part pour Boké (330 km) où l'on arrive vers 13.00 heures après une route sans histoires. Le Directeur qui avait été prévenu de notre déplacement et devait nous recevoir, est à Conakry pour consulter son cardiologue ! Nous sommes reçus par M. Bah, le DRA, et l'infirmier TSO Bilibogui Golé.

L'hôpital a été entièrement rénové (par l'UE ?) sauf le bâtiment qui nous est alloué! Il est actuellement occupé par la radiologie qui doit déménager dans l'un des bâtiments rénovés quand ils seront terminés. Donc pas le moindre début d'aménagement et le plan qu'on avait établi est extrait d'une chemise soigneusement rangée dans un placard dont il semble ne pas être sorti depuis le mois de mai. Par contre on nous soumet un devis pour un aménagement sommaire (carrelage uniquement dans la salle d'op, pas de rénovation externe, pas de remplacement des huisseries alors que les fenêtres ont été murées, etc...) pour un montant de 11.500 € dont évidemment l'hôpital n'a pas le premier sou.

Bien qu'ayant été invités à déjeuner par le DRA dans un restaurant tout proche, nous repartons fort désappointés non sans avoir fait comprendre à nos interlocuteurs qu'il n'était pas envisageable que "Voir la Vie" entreprenne le moindre aménagement dans ce bâtiment dans l'état où il est.

Comme je ne vois pas les choses évoluer favorablement dans un avenir proche, j'ai proposé à l'infirmier TSO de venir lui installer le matériel actuellement entreposé dans les 2 cantines chez Fodé Keita et lui en apprendre l'utilisation, à la condition expresse qu'il se fasse attribuer un petit local propre et dédié uniquement à l'ophtalmo.

On repart de Boké vers 16.00 pour arriver à Kindia vers 21.00 heures, non sans avoir eu l'angoisse de tomber en panne sèche !

On dîne au Flamboyant avec Julien et Hawa qui ont eu une petite journée : le réservoir des consultants semble se tarir. Sangaré s'est fait voler le démarreur de sa moto juste devant la consultation, en pleine journée !

Vendredi 16 novembre

Seulement 5 cataractes ce matin, opérées par Hawa. L'après-midi 3 autres viennent heureusement se rajouter pour étoffer un peu la journée.

Passage chez le comptable M. Doré pour faire les comptes : 78 opérations et près de 400 consultations.

Julien et Hawa sortent en boîte cette nuit.

Samedi 17 novembre

Jour de retour sur Conakry. On veut partir tôt car le Premier ministre est en visite officielle à Kindia et cela risque de bloquer la route. Pansement des opérés de la veille. Quelques consultations et certificats pour les enfants à opérer à Marseille.

On quitte Kindia vers 10.00 heures. Liliane, Julien et moi dans la voiture de Fodé conduite par son fils, Hawa et Fodé dans l'Express avec Abdoulaye. On arrive à midi à Kipé. Déjeuner au "Waffou".

Retour à Conakry 18 / 20  novembre

Dimanche 18 novembre

Pique-nique avec Nadine sur l'île de Kassa (plage de Sorro)

Lundi 19 novembre

Rendez-vous ce matin à 8.30 au Ministère de la Santé avec Nadine et Fodé où on doit rencontrer le Dr André Goépogui. Avec Nadine, on fait antichambre : 9.00 heures personne, 9.30 heures personne. Finalement on apprend que Goépogui ne pourra pas venir parce que son frère est malade ! Nouveau RV demain, même endroit, même heure. Retour au CMC avec Fodé.

Ramata a prévu 10 cataractes, mais il ne reste que 4 implants ! On en avait apporté 50 au début du séjour. 7 ont été utilisés le premier jour. Ramata et Barry ont fait 38 opérations pendant notre séjour à Kindia, ce qui explique qu'il n'y ait plus d'implants - et ce n'est pas Ramata qui s'est enfuie avec !

Le seul fait curieux, c'est que sur les 38 opérations il y en ait 36 gratuites d'après le livre de bloc.

Julien opère donc 4 cataractes avec les implants restants, plus un ptérygion et un symblépharon (cicatrice de brûlure oculaire par soude caustique).

Le soir Nadine va à l'aéroport récupérer une cinéaste canadienne qui vient faire un film sur son action en Guinée.

Mardi 20 novembre

Nouveau rendez-vous au Ministère de la Santé avec Nadine et Fodé : cette fois le Dr Goépogui est là pour discuter du protocole d'accord entre l'Association et le Ministère de la Santé. Il en sera fait état dans les conclusions.

Je retourne au CMC en taxi avec Fodé. Je fais l'inventaire : cette fois il ne reste pas grand-chose, juste un assez grand nombre de couteaux, de canules à hydrodissection et de bleu Trypan.

Invités à déjeuner par Nadine chez "Prince" à Lambanyi. Visite de Hawa venue nous saluer avant le départ.

A 17.30 heures, départ pour l'aéroport. Embarquement et décollage pratiquement à l'heure

Commentaires

L'hôpital de Kindia

L'hôpital de Kindia n'a ni eau courante, ni électricité. On  fonctionne en permanence avec le groupe électrogène fourni par "Voir La Vie". Quand il est en fonctionnement, le groupe alimente parfois à notre insu certains bureaux, ce qui n'est pas sans conséquence sur la stabilité du voltage quand il faut faire marcher ensemble le microscope, la climatisation et le Poupinel. Le gazole est fourni par l'hôpital et payé par moitié par "Voir la Vie". Le lavage des mains s'effectue au moyen d'un bidon muni d'un robinet et fixé au-dessus du lavabo.

Il y a de quoi faire au moins 4 boîtes à cataracte complètes avec des instruments en bon état.

Les kits Aurolab sont toujours aussi appréciables en simplifiant la gestion des consommables, mais cette fois il n'en reste aucun, sauf quelques visqueux.

Le microscope est de très bonne qualité optique avec une très bonne luminosité et une bonne profondeur de champ.

Le local de consultation est bien aménagé et fonctionnel encore que la couleur des murs et le ciment du sol ne donnent pas une impression de propreté. La lampe à fente Takagi équipée d'un tonomètre à aplanation a été légèrement faussée et la fente n'est plus bien centrée mais on voit encore très bien dedans. Par contre le bras pivotant a pris un jeu important et il n'est plus possible d'immobiliser correctement l'appareil. Et cela est encore aggravé par le fait que l'appuie-tête est lui-même archi-branlant et je n'ai pas réussi à la bloquer.

Il y avait un faux-contact dans l'alimentation de la LAF et j'ai dû court-circuiter les contacts du bras pivotant en tirant un fil directement du transfo à l'appareil.

J'avais déjà noté l'an dernier que le Javal est inutilisable avec l'impossibilité de faire une mise au point sur les mires.

Le biomètre (don du Docteur Saragoussi) marche parfaitement, la télécommande ayant récupéré sa pile de 9 volts.

Il reste à fixer au mur le bras du réfracteur et la lampe à skiascopie de façon à avoir un poste de réfraction fonctionnel et bien équipé. Il faudra prévoir chevilles, vis, mèches et perceuse pour installer tout cela lors de la prochaine mission. Mais il reste le problème de la réfraction : le personnel n'est pas motivé et pas formé pour cela et de toute façon la fourniture de lunettes ne suit pas..

En ce qui concerne le personnel, Sangaré est très motivé et de très bonne volonté : il a une compétence certaine pour assurer une consultation courante et on a commencé à le former à l'opération de la cataracte. Il arrive à opérer sans trop de problèmes des cataractes "faciles", mais il est incapable de gérer les complications per-opératoires et surtout il ne se laisse pas corriger quand il commet des erreurs et refuse carrément de suivre les conseils qu'on peut lui donner. A mon avis, c'est une erreur de vouloir en faire un opérateur de cataracte, d'autant plus qu'avec l'arrivée de jeunes chirurgiens comme Hawa ou Pierre-Louis, cela n'est plus vraiment une nécessité.

Dalanda s'occupe parfaitement bien du nettoyage des insttruments et de leur stérilisation et elle a bénéficié des conseils éclairés de Liliane.

La gestion des dossiers s'est aussi améliorée car il maintenant admis que  le patient garde son dossier avec lui et le ramène à chaque consultation. Bien sûr il y a des pertes et des oublis, mais la plupart du temps le patient a un dossier, ce qui était rarement le cas avec l'ancien système (le dossier était gardé à l'hôpital et classé  "par mois", ce qui occasionnait une perte de temps folle à le rechercher pour ne pas le retrouver le plus souvent).

Le CMC Les Flamboyants

 Je n'ai pas à changer un mot à ce que j'avais écrit l'an dernier : Le CMC est autonome et devrait pouvoir fonctionner tout seul sous réserve de continuer à lui fournir les consommables, encore que les recettes générées par l'activité (consultations et interventions) devraient permettre aussi une certaine autonomie financière. Par contre un gros effort est à faire sur l'aspect et la propreté des locaux, sur l'entretien des équipements et sur le soin apporté au matériel. C'est vrai qu'un hôpital qui fonctionne sans eau et sans électricité... Un effort est à faire aussi sur la réfraction : les réfractions sont mal faites et pas fiables, le skiascope est inconnu et l'utilisation du Javal fantaisiste. Il y a donc impérieuse nécessité d'une formation dans ce domaine, éventuellement par un opticien (optométriste ?). Un réfractomètre automatique pourrait également apporter une certaine facilité en même temps qu'une certaine fiabilité. D'un point de vue économique et de santé publique, il est aussi important, sinon bien plus, de redonner une bonne vision à des amétropes encore jeunes que d'opérer des cataractes chez des vieillards. Il est à espérer que l'arrivée du Dr Barry qui a travaillé pendant plus de 20 ans à Macenta apporte un peu de rigueur dans la gestion et la tenue du centre.

Il est à noter que les 13 interventions réalisées par la mission au CMC (7 le 7 novembre et 6 le19 novembre) n'ont pas été honorées et le CMC n'a pas fait à "Voir la Vie" le reversement prévu.

L'hôpital de Boké

L'hôpital a été entièrement rénové sauf le bâtiment où il est prévu de mettre l'ophtalmologie. Il est actuellement occupé par la radiologie et a été transformé en blockhaus en murant les fenêtres. Par contre, comme il n'avait pas d'accès direct puisque c'est une partie d'un bâtiment dont le reste est consacré à la pédiatrie et dont le couloir a été muré, il a fallu créer une petite ouverture et un escalier sur l'extrémité est du bâtiment.

Comme cet accès n'est pas compatible avec ce qui voudrait être un service d'ophtalmologie, il est prévu d'ouvrir la fenêtre qui est dans l'axe du couloir central, laquelle débouche dans le vide à 1,50 m de hauteur. Il est donc prévu aussi de faire une terrasse (couverte) qui servirait de salle d'attente. Par ailleurs le toit en fibrociment ondulé est en mauvais état et à côté des autres bâtiments rénovés, cet immeuble a vraiment piteuse allure. Tout cela suppose des travaux importants qui n'ont pas été chiffrés et dont il n'existe d'ailleurs pas le premier sou pour les réaliser.

Par contre on nous a soumis un devis pour un aménagement intérieur sommaire (carrelage uniquement dans la salle d'op, pas de remplacement des huisseries alors que les fenêtres ont été murées, etc...) pour un montant de 11.500 €.

J'ai donc dit à nos interlocuteurs, et je l'ai répété au Dr Goépogui lors notre entretien au ministère de la Santé, qu'il est exclu que "Voir la Vie" entreprenne le moindre amènagement dans ce bâtiment dans l'état où il est.

Par contre j'ai promis à l'infirmier TSO de venir lui installer le matériel et lui en apprendre la manipulation s'il arrivait à se faire attribuer un petit local propre et dédié uniquement à l'ophtalmo en attendant l'ouverture du Service Ophtalmo.

Entretien au Ministère de la Santé

Dr AndrŽ GoŽpogui, Nadine Bari, FodŽ Keita, RenŽ Fritsch.

En préambule, le Dr Goépogui nous explique que ce protocole ne doit contenir que des généralités et que toutes les conditions particulières concernant la répartition de recettes, des frais, des primes, etc.. doivent faire l'objet d'un avenant à part.

Il admet facilement que les engagements concernant le financement de la formation d'un médecin au DESSO et d'infirmiers au TSO sont complètement en dehors du champ d'action et des moyens financiers de l'Association et les deux alinéas de l'article 1 "Assurer la formation au DESSO d'au moins un médecin" et "Assurer la formation d'au moins deux infirmiers" sont supprimés. A l'article 3, il est ajouté un alinéa faisant mention d'un avenant au présent protocole précisant les engagements financiers réciproques. Le Ministère doit soumettre une nouvelle proposition tenant compte de ces rectifications.

L'avenant devra être négocié avec les  éissements concernés et l'Association pour aboutir à un document unique qui s'imposera à tous.

Le Ministère est apparemment très désireux de voir aboutir la création d'un Service d'ophtalmologie à Boké et il envisage sérieusement de nommer Hawa Soumah à ce poste.

Aussi, je lui fais part de nos préoccupations au sujet de l'état du bâtiment où l'on veut installer le service d'ophtalmologie et lui déclare fermement qu'il est hors de question d'engager quelque frais d'aménagement que ce soit dans un bâtiment dans un tel état. Je lui fais remarquer par ailleurs qu'il est peu vraisemblable que l'Union Européenne ait financé la rénovation de tout l'hôpital sauf un pavillon  qui resterait en l'état.

Il s'est engagé à étudier la question et à faire avancer les travaux.

Conclusions

1/ Le choix des dates de mission :

Il faut impérativement éviter les périodes de fêtes religieuses musulmanes : Carême (Ramadan) et dans un moindre mesure Tabaski (Aït el Kébir)

2/ Au CMC Les Flamboyants

L'équipement technique se dégrade malgré le nouveau microscope (qui est déjà tout rouillé). Le champ visuel automatisé fourni par Sight Savers découvert l'an dernier a disparu. Le Friedmann que j'ai apporté, il y a deux ans n'est toujours pas déballé et reste dans son carton dans un coin.

Il n'y a plus de biomètre et le Javal est encore à remplacer. Une deuxième LAF pour remplacer la Gambs qui disparait sous la rouille ne serait pas inutile. On peut peut-être en récupérer une des deux qui étaient destinées à Boké. Il n'y en a pas besoin de deux là-bas.

Il manque toujours des tabourets à roulettes réglables en hauteur pour les postes d'examen et la salle d'opération (il en faudrait au moins 4).

L'équipe guinéenne est autonome sur le plan chirurgical, et encore plus avec l'arrivée du Dr Barry. Il me paraît souhaitable qu'il n'y ait plus de missionnaire "blanc" qui vienne opérer car cela entraîne un détournement de la clientèle au détriment des locaux, les gens attendant la "venue du fodé" pour se faire opérer. (A moins que certains aient un intérêt financier à ce que des patients se fassent opérer par le blanc).

Mais pour le moment il ne reste plus aucun consommable pour qu'ils puissent continuer à travailler.

Par contre rien n'a évolué pour ce qui est de la réfraction, tant sur plan de l'équipement que sur celui de la formation. Il faudrait au moins un skiascope et un réfracteur (voire un autoréfractomètre) et une formation par un réfractionniste (orthoptiste, opticien ou optométriste). Il y a également un problème pour la fourniture des lunettes, une fois la réfraction faite.

Il y a toujours gros effort à faire sur la propreté, le nettoyage et l'entretien, tant des locaux (qui sont tristes et sales) que du matériel technique ou non (dont il n'est pas pris soin comme il faudrait). Pourtant il y a maintenant des housses en tissus comme je l'avais demandé l'an dernier, mais ont-elles utilisées régulièrement ?

Le CMC n'a toujours ni eau courante ni électricité.

Un progrès cependant : un forage a été fait à proximité immédiate et on n'est plus obligé d'aller aussi loin pour chercher de l'eau !

3/ A l'hôpital de Kindia

L'équipement technique est satisfaisant. Le microscope, le biomètre et la LAF sont parfaits. Mais il faut impérativement une nouvelle table élévatoire pour la LAF et un nouveau Javal. Il manque un ou deux tabourets à roulettes réglables en hauteur.

La compétence chirurgicale de Sangaré est discutable et j'ai beaucoup de crainte pour les opérations qui seraient faites entre les missions. Il se pose donc la question de l'opportunité de continuer à le former à la chirurgie d'autant que Hawa (dont la compétence chirurgicale est par contre indiscutable) est disposée à aller opérer régulièrement Kindia.

Mais comme au CMC, il ne reste plus aucun consommable pour qu'elle puisse continuer à travailler.

Comme au CMC, se pose le problème de la réfraction qui est complètement négligée. Mais là il y a un skiascope à fente (avec générateur à fibre optique) et un réfracteur (à installer et à fixer au mur). Là encore il serait bien plus profitable d'équiper des gens actifs avec des lunettes adaptées que d'opérer des vieillards de cataracte même cécitante.

Docteur René Fritsch